Noire solitude
		Cleeves, Ann Edition : Belfond 2009, 328 pages ISBN : 978-2-7144-4345-8 20,50 €

Le corps a été découvert quelques jours après la nouvelle année, à moitié enneigé sur une petite colline de l'une des îles Shetland. Il s'agit de Catherine Ross, une adolescente anglaise arrivée récemment sur l'archipel, elle a été étranglée avec son écharpe et abandonnée sur place. Les soupçons de la petite communauté d'habitants se portent immédiatement sur le vieillard solitaire et dérangé dont la maison se trouve sur le terrain voisin. De plus, ce Magnus Tait est la dernière personne avec qui Catherine a été aperçue. Et il a déjà eu affaire à la police pour la disparition d'une petite fille une dizaine d'années auparavant... Compte tenu du caractère inhabituel de l'enquête, une équipe de policiers d'Écosse est dépêchée sur les lieux pour venir épauler l'inspecteur shetlandais Jimmy Perez. Les investigations risquent d'être plus compliquées et longues que prévues...

Ann Cleeves est un auteur britannique qui a déjà publié une vingtaine de romans policiers répartis en quatre séries. Trois de ses livres sont disponible en français. Ma collègue Zaahne a chroniqué le premier de la série ayant pour héroïne principale Vera Stanhope, Des vérités cachées. Le présent roman fait partie d'une autre suite dont le personnage central est l'inspecteur Jimmy Perez pour lequel Cleeves a reçu le prix Duncan Lawrie Dagger en 2006.

Noire solitude est un polar ayant une intrigue solide. Il joue sur l'ambiance des lieux visités, c'est-à-dire, les îles Shetland glaciales, venteuses et mornes. Malgré les technologies dans le domaine de la communication ou du transport, les habitants y vivent reclus en petites communautés où tout le monde connaît tout le monde et où il est impossible de conserver un secret très longtemps. Les insulaires avaient été très secoués lors de la première disparition, ce meurtre ramène de vieux souvenirs en mémoire et montre le véritable aspect de certain : commère ou méchant.

L'auteur fait passer le lecteur de personnage en personnage, on suit souvent le vieux Magnus Tait, que j'ai trouvé sympathique, Perez, Fran Hunter, la femme qui a découvert le corps et Sally Henry, une autre adolescente qui était la plus proche amie de Catherine. Souvent au début du roman, les chapitres se recoupent temporellement. Par exemple, lorsque les deux filles vont chez Tait, nous avons une fois le point de vue des adolescentes et une fois, celui de Tait. Il est intéressant d'avoir plusieurs points de vue et, heureusement, Cleeves n'abuse pas de cet outil, elle ne lasse donc pas. Les différents chapitres sont aussi assez courts, ce qui permet de conserver un certain rythme à l'histoire qui se parcourt plutôt rapidement jusqu'à la fin surprenante !

Quelques gênes au niveau de la lecture sont, néanmoins, à noter. Le passage entre deux personnages peut, parfois, paraître brusque et soudain. Une distance anormalement grande entre les personnages est, également, de temps en temps, observable, entre une fille et ses parents, par exemple. De plus, la partie centrale du roman m'a semblé un peu lente à cause de certains détails sur les personnages qui ne sont pas particulièrement utiles ni intéressants au sujet de l'enquête.

Au final, ce Noire solitude est un bon roman policier, agréable à lire, bien construit et dépaysant.