Echo
		Desjours, Ingrid Edition : Pocket, Collection : Thriller 2010, 348 pages ISBN : 978-2-266-19426-6 6,90 €

Deux stars de la télévision sont retrouvées assassinées. Le meurtrier ne s'est pas contenté de les empoisonner, il les a mis en scène de façon grotesque. Le commandant Vivier est chargé de l'enquête. Klaus et Lukas Vaillant sont des jumeaux qui ont percé dans le monde du petit écran de façon surprenante, sans ménagement pour leurs confrères. Leur émission phare, Le miroir aux alouettes, révélaient les secrets des personnes célèbres, qui, elles, ressortaient de là humiliées, insultées, discréditées. Des ennemis, les jumeaux en ont beaucoup, trop pour le compte du commandant. Il décide donc de s'associer à Garance Hermosa, sexo-criminologue, afin de déterminer un profil psychologique de l'assassin et ainsi le dévoiler.

Echo est un roman totalement psychologique où l'aspect analyse est entièrement privilégié face aux indices matériels. Afin de démasquer le meurtrier, Garance Hermosa détermine le portrait des deux victimes. Les surprises et les horreurs se multiplient au fur et à mesure de la recherche. On y découvre des jumeaux narcissiques, noirs, s'amusant des plus faibles, ayant des habitudes sexuelles particulières. Les suspects sont nombreux. Et dans le monde de la télévision où l'apparence prime sur la vraie nature, déterminer le portrait de chacun relève d'une délicate analyse. Honteuse de ce que les jumeaux sont devenus, la mère de ceux-ci cherche à cacher les aspects les plus intimes de ses deux fils. Les révélations ne sont obtenues que sous la menace et la manipulation des sentiments, ce qui ne facilite en rien le travail des enquêteurs. La recherche minutieuse d'indices ne manque pas de suspense, ce qui donne à Echo toutes ses dimensions.

Là où les séries télévisées développent le partenariat avec les consultants comme dans Mentalist, Lie to me, Medium ou Castle, ce thème est repris ici, avec au final des rôle inversés : la psy est devenue l'héroïne du roman. Elle a le premier rôle laissant le commandant Vivier au second plan, que ce soit dans les entretiens ou dans les avancées de l'enquête. Les recherches ne dépendent plus des éléments matériels comme l'analyse du sperme, les empreintes ou l'identification du poison. Mais tout repose sur le portrait des victimes permettant ainsi de définir la personnalité du meurtrier. Peut-être ce procédé donne-t-il un aspect incomplet à l'enquête voire un peu irréel ?

Echo est un roman très dur dans son ensemble : on y découvre la personnalité des jumeaux très noire, une psy très fragile, une relation entre psy et policier très instable. Le lecteur est malmené entre certitude, confusion, et cruauté de la nature humaine. Le roman présente aussi deux récits : l'enquête en elle-même et la lecture d'un journal intime d'une enfant malmenée, qui a grandi avec ses blessures. On oscille donc entre la nature perverse des jumeaux et la souffrance de l'inconnue du journal intime. Deux destins qui ne laissent pas indifférent le lecteur, qui en ressent comme un trouble, une instabilité dans ses valeurs.

Echo laisse un goût amer. L'enquête n'a été menée que sur l'aspect psychologique, laissant de côté les indices matériels. Le rôle du commandant Vivier est ainsi mis en parenthèse pour mettre l'accent sur le travail de la sexo-criminologue. De ce fait, les indices récoltées donnent une impression superficielle et surtout trop suggestive à l'affaire. Cette impression de fragilité ne nous quitte pas tout au long du roman, mettant mal à l'aise. Aimant la précision des scientifiques, je me suis sentie fragilisée à la lecture de cette enquête.