Felicidad
		Molla, Jean Edition : Pôle Fiction 2010, 316 pages ISBN : 978-2-07-063436-1 6 €

Felicidad, capitale fédérale de la Grande Europe, gouvernée par un président à vie. Cette mégalopole s'étend sur 14000 km2 et compte 16 millions d'habitants. Ici, le bonheur est non seulement un droit mais aussi un devoir.

Claude Buisson, le ministre du bonheur obligatoire, vient d'être assassiné. Les soupçons se portent sur un groupe de parumains, humanoïdes crées de toute pièce pour soulager les citoyens des tâches physiques dégradantes et abrutissantes. Ceci est très étonnant puisque les parumains sont normalement équipés de biocontrôles leur interdisant d'attaquer leurs créateurs ou même de se révolter et surtout de traceurs permettant de les localiser à n'importe quel moment.

Alexis Dekcked, enquêteur au service exclusif du Ministre de la sureté intérieure, est chargé de l'enquête et ses découvertes vont aller au-delà de ce qu'il pourrait imaginer.

Forcément, en lisant Felicidad, on ne peut s'empêcher de penser au film Blade Runner de Ridley Scott, lui-même inspiré d'un roman de Philip K Dick : des humanoïdes qui se révoltent alors qu'ils n'en sont théoriquement pas capables, un flic hors-norme chargé de l'enquête, une société apparemment idéale mais en réalité sordide, une histoire d'amour impossible… tout nous y ramène, même certains noms (Deckard qui devient Decked) mais j'ai envie de dire : et alors ?

Jean Molla assume clairement ses sources d'inspiration et on peut y voir un hommage à l'univers de Philip K Dick. Il nous livre un roman bien construit, à l'univers très développé, qui se lit comme un bon policier tout en gardant à l'esprit la dimension critique d'une société peut-être pas si utopique et lointaine si nous n'y prenons garde. N'oublions pas non plus la réflexion sur la génétique et ses manipulations. Le rythme est soutenu, les rebondissements nombreux, la fin inattendue. Tout est réuni pour faire de ce livre un de ceux qu'on ne repose qu'une fois fini.

Par contre, je ne vois pas pourquoi il a été édité dans la collection jeunesse. A mon avis, il est un peu complexe, surtout au niveau intrigue politique. Ce n'est pas parce que l'auteur nous a déjà livré plusieurs romans pour ados qu'il faut cataloguer toutes ses œuvres dans cette littérature.