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Stratégies du réenchantement |
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Debats, Jeanne-A Edition : Griffe d'Encre, Collection : Recueil
2010, 239 pages
ISBN : 978-2-917718-20-9
16 € |
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Dans la vie, il est parfois important de savoir dire "non". Sinon, on se fait littéralement bouffer par la vie, les amis, les patrons, les enfants, les galères... Comment faire alors pour se réapproprier sa vie, ou faire en sorte qu'elle soit à l'image de ses valeurs ? Dans ces huit nouvelles, dont une seule déjà publiée, Jeanne-A Debats manie sa plume pour démontrer par l'exemple comment ré-enchanter sa vie. Et notre périple commence par une scène du passé, dans le Paris durant l'occupation Allemande. Un chanteur, dernier des castras, se voit donner l'ordre de procéder à une récitation pour Rommel, alors que l'artiste a pris sa retraite voilà bien des années. Les SS forcent la décision en s'en prenant aux compagnons du chanteur... Une nouvelle sombre, forte, qui donne le ton, Aria furiosa. Les contes frappent parfois à notre porte. Une femme ne le sait que trop, elle qui est mariée à un serial killer bien particulier. Elle découvre alors un moyen de vivre une vie normale. Mais est-ce vraiment ce qu'elle souhaite pour cette Saint Valentin ? J'ai moins aimé cette nouvelle, même si je conçois qu'elle a sa place dans l'ensemble du recueil. Dans le futur, domaine de prédilection de l'auteur, l'Espagne a disparue sous les flots, et leurs descendants essayent de faire revenir à la vie une race noble de taureaux, pour réintroduire la Corrida dans les jeux. Ils seront opposés en cela à une entreprise américaine qui présentera sa propre cuadrilla. Mais les méthodes de ces dernières ne plaisent guère aux descendants Ibères. On notera que Paso Doble, cette nouvelle, a un lien de parenté avec la novella La vieille Anglaise et le continent, primée plusieurs fois l'année dernière et que je vous recommande particulièrement. Vient le tour d'un homme détestable, qui a vécu sa vie de façon égoïste, mais sans s'en cacher. Au temps du Sida4, le voici atteint à attendre la mort. Seule consolation, les visites de sa fille unique. Pourtant un jour elle ne vient plus... Ce texte qui donne son nom au recueil s'avère une satyre de notre société, vue par un angle empirique. Fort intéressante de mon point de vue. La suivante, Privilège insupportable, a déjà été publiée dans l'anthologie L'air, toujours chez Griffe d'Encre. On y découvre une société troglodyte où la moindre bouffée d'air est règlementée. Et penser que ceci est injuste est sévèrement réprimandé. Ceux qui ont déjà lu cette nouvelle pourront la passer, et sauront exactement les raisons pour laquelle ils aimeront ce recueil. L'une de mes préférées, Gilles au Bûcher, présente un homme qui, pendant la période de l'hiver nucléaire consécutif d'une guerre qui a sans aucun doute exterminé l'espèce humaine, recrée des générations d'êtres humains de façon accélérée, tout en mélangeant les gênes pour obtenir des êtres suffisamment forts. Les indices laissés ici ou là permettront au lecteur attentif de deviner où nous entraîne l'auteur. Pour ma part, le manga Dansaisha m'a forcément mis sur la voie. En tout cas, deviné ou non, c'est un excellent texte où l'on réfléchit sur l'évolution des pensées de l'homme, avec l'âge. Un vrai dilemme. L'avant dernier texte est aussi le plus long, de la taille d'une novella. On découvre donc dans Fugues et fragrances au temps du dépotoir un huis clos, une station spatiale dérivant dans l'espace, où leurs habitants, qui se surnomment eux-mêmes les vrais Clochards, doivent se défendre contre une armée humaine extérieure venue conquérir leur territoire, les Réguliers. Si ces derniers sont mille fois mieux équipés que les locaux, ils ne sont pas habitués aux saute-temps et aux changements de gravité de la station, Cécilya, affectueusement surnommée le Dépotoir. Si l'histoire est fort intéressante, j'ai néanmoins été déçu par la fin, manquant un peu de clarté quant aux événements qui y contribuent. Enfin, dans Nettoyage de Printemps, qui ne fait que quelques pages, l'auteur conclue son recueil avec une façon très expéditive de résoudre tous les problèmes de notre planète. Vraiment expéditive. À mes yeux, une nouvelle très réussie. Je ne saurais trop vous recommander de lire la postface (et bien sûr après coup) où Jean-Claude Dunyach décrit avec précision les pistes de travail de Jeanne-A Debats, ce qui nous éclaire sur de nombreux points avec une argumentation structurée et fort juste. Voilà qui devrait être fait pour tous les recueils ! Pour conclure, j'ai passé un excellent moment à lire les lignes de ces nouvelles, où l'important n'est pas tant dans l'histoire, mais dans les émotions et les décisions que prennent les personnages, et pas forcément les narrateurs. À l'heure du choix, que décidons-nous ? Voilà une bonne occasion d'y réfléchir.
Ecrite par , le 27 Juillet 2010 à 12:07 dans la rubrique .
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