Le sang des bâtisseurs (Tome 1)
		Le Galli & Jaffredo Edition : Vents d'Ouest, Collection : Fantastique 2010, 56 pages ISBN : 978-2-7493-0525-7 13 €

Nous sommes à Eyglières, petit village du sud de la France, au douzième siècle. Le maître des lieux est un certain Bertran d'Eyglières de Montrey, un homme cultivé qui a un beau projet : la construction d'une énorme cathédrale dans sa bourgade. L'homme est riche et toute sa fortune ne part pas que dans des centaines de livres. Il est également passionné d'architecture, même s'il doit aujourd'hui déplorer la mort de son maître bâtisseur, un dénommé Savier, mort dans des circonstances mystérieuses. Un nouveau maître bâtisseur arrive ce jour, et la surprise est de taille lorsque Bertran découvre que ce dernier n'est autre qu'une femme, Margot Saint-Benoît…

Bien sûr, à une telle époque, l'arrivée d'une femme comme maître bâtisseur n'est pas sans provoquer les railleries et les quolibets des mâles ouvriers franchement misogynes. Pour autant, l'introduction de Margot se passe pour le mieux, d'autant qu'elle commence par sauver la vie d'un de ses ouvriers. Tout se passe pour le mieux, d'autant que Margot fait la connaissance d'une jeune fille rousse (très mauvais signe à l'époque pour le commun des mortels) du nom de Jehane dont elle se lie d'amitié. Mais il demeure ces cauchemars qui rendent les nuits de Margot courtes et difficiles.

D'autant que bientôt, les visions de cauchemars du maître bâtisseur deviennent réalité. Ainsi, tandis que les travaux de la cathédrale avancent très correctement, des ouvriers sont découverts à l’intérieur de celle-ci, atrocement mutilés. Tandis que Bertran et Margot souhaitent arrêter le ou les assassins, il s'agit de l'oeuvre du diable pour nombre d'esprits simples, y compris aux yeux de l'évêque, qui ne semble pourtant pas totalement étranger à ces sordides affaires…

Eh bien, voilà le premier tome d'un diptyque qui ne manque pas d'intérêt ! Un polar, voire un thriller, à la sauce moyenâgeuse, cela vous tenterait-il ? Sans doute, d'autant qu'ici, ce ne sont pas les qualités qui manquent. Ainsi, l'intrigue est rondement menée, et sera l'occasion de lire des dialogues à l'ancienne qui ne manquent pas de charme : de quoi faire oublier la pauvreté de certaines productions de ce côté-là. Par ailleurs, le graphisme restera tout à fait remarquable, notamment, faut-il le préciser, sur les différentes architectures qui fleurent bon le long travail de recherches de la part de Marie Jaffredo.

Attention, les costumes d'époque et les expressions ne sont pas en reste pour autant, et les bouilles que l'on croise ici ou là conviennent ainsi parfaitement au lieu et à l’époque.

Un très bon premier tome qui se termine sur un bel effet de dernière planche, comme cela est classique maintenant : une bonne entrée en matière pour une série qui ne manquera pas d'intérêt donc !