Sarah Cole
		Mardon Edition : Futuropolis 2010, 54 pages ISBN : 978-2-7548-0338-0 17 €

Nous sommes dans un bar plutôt chic, où on ne trouve que des avocats et des gens tout à fait bien propres sur eux. Justement, Paul est en train de boire un coup tranquillement en lisant son journal, lorsqu'une femme plutôt moche, Sarah, lui adresse la parole. Elle n'est pas habituée à cet endroit et c'est la première fois qu'elle y vient, mais Paul ne semble pas gêné par cette incursion si franche. Au contraire, il participe activement à la conversation et finit par même se lier d'amitié avec Sarah, presque à la surprise de celle-ci…

Bien sûr, les regards interrogatifs ne manquent pas : que fait donc un homme si raffiné avec une fille comme Sarah ? L'intéressée elle-même ne se l'explique pas, et revit, forcément… Sarah reprend peu à peu confiance en elle, et parvient même à faire venir Paul dans ses sorties en famille et entre amis. Paul, cependant, n'a pas l'air d'apprécier forcément ces sorties qui ont tendance à l'ennuyer. Mais le couple tient bon tout de même, et l'acte sexuel a même enfin lieu entre les deux êtres que tout opposait…

Alors tout va bien ? Pas vraiment : peu à peu, Paul se renferme sur lui-même. Il refuse d'emmener Sarah dans les endroits branchés où il est évident qu'il ne veut pas être vu avec cette femme. Sarah ne voit finalement pas les choses venir, et va être drôlement cueillie à froid…

Sarah Cole est une bande dessinée reprise d'une nouvelle de Russell Banks. Ce n'est pas seulement une tranche de vie qui est graphiquement reprise par Grégory Mardon, mais un peu plus que cela… L'idée de l'histoire, comme le raconte Banks dans son prologue, et justement venue lorsque l'auteur avait été interpellé par une femme peu attrayante, aux États-Unis. Après la conversation, rien ne s'était passé, alors l'auteur a voulu imaginer ce que cela aurait pu donner s'il était entré dans le jeu…

Alors, deux êtres diamétralement opposés vont passer du temps ensemble, et il est vrai que cela restera bizarre même pour le lecteur : les pages défilent à bonne allure, jusqu'à un final pour le moins assez méchant. Pour autant, on ne restera pas de marbre devant ce livre, qui aura eu le mérite, chose assez rare, de nous faire interroger sur la manière dont on agirait. Un one-shot intéressant chez Futuropolis, une fois de plus, avec un final tout à fait surprenant.

Le dessin de Grégory Mardon, entièrement sépia ici pour le coup, fait la part belle aux expressions des deux protagonistes principaux, et colle parfaitement au récit et à son rythme, comme de bien entendu.