Le trône d'ébène
		Day, Thomas Edition : Folio SF 2010, 315 pages ISBN : 978-2-07-035622-5 7 €

Senza N'Gakona est un jeune prince, fils du roi des Zoulous. Il a quatre épouses, de nombreuses filles mais pas un seul héritier mâle. Proche de succéder à son père, il décide de prendre une cinquième épouse dans l'espoir que celle-ci lui donne le fils tant espéré.

Au cours d'une grande fête, il tombe sous le charme d'une jeune danseuse, Nandi, qu'il déflore dans un buisson, semant par ce geste la graine de son futur fils. Si la loi avait été respectée les deux amants auraient du être mis à mort mais le secret fût gardé et Senza épousa Nandi.

Huit mois plus tard, Chaka vient au monde, ce fils tant espéré. Malheureusement, les premières épouses du désormais roi donnent à leur tour naissance à des mâles. Jalouses de la jeunesse, de la beauté et de l'amour que la dernière épouse inspire à leur mari, elles obligent Senza à exiler Nandi et Chaka, sous la menace de révéler qu'il l’avait épousé déjà grosse, mentant ainsi à son père.

Commence alors une vie de brimade pour Chaka, considéré comme né du péché. Ce qu'il ne sait pas, c'est que deux nuits après sa naissance, la sorcière Isangoma avait confié à sa mère qu'il était peut-être l'enfant de la prophétie zoulou, celle qui raconte qu'un jour, un enfant aux grands pouvoirs naîtrait et qu'il connaîtrait un règne sans véritables frontières.

Le trône d’ébène raconte la vie de Chaka Zoulou, le célèbre roi zoulou. On se laisse emporter par cette histoire de prophétie, le destin de cet enfant rejeté et brimé, qui deviendra un grand guerrier, ses rêves de grandeur, sa violence, son accession au trône, sa foi dans les dieux africains et dans sa destinée qui le mènera jusqu'à la folie.

Une fois passées les phrases à rallonge (limite roboratives) des toutes premières pages, Thomas Day nous livre un texte fluide, agréable à lire, tel le récit d'un griot. On s'imprègne vite de l'ambiance de ces terres, de la magie qui semble guider les pas des habitants. On pénètre dans l'Afrique noire, celle d'avant la colonisation. Une Afrique haute en couleurs, violente, crue.

L'auteur se défend d'un quelconque réalisme historique dans sa préface et pourtant, il apparaît difficile voir impossible de se persuader qu'on ne lit qu'une fiction. Certes, on y évoque des Dieux animaux gigantesques, des sorcières, des résurrections mais tout cela fait partie des croyances populaires africaines et donc, on ne peut que les intégrer dans l'Histoire, sans être choqué du caractères hautement improbable de ces faits.

Pour moi, j'ai lu la vie de Chaka Zoulou, non pas du point de vue de l'ethnologue et historien mais telle qu'elle se raconte en Afrique, à l'ombre d'un arbre à palabres, par un vieux sage. La version orale de l'Histoire.

Le Trône d'ébène a remporté le prix Imaginales 2008 du meilleur roman français de fantasy.
Loin de moi la prétention de lui renier cette victoire mais j'ai quand même du mal à intégrer cet ouvrage dans la catégorie fantasy... et encore moins à comprendre pourquoi l'éditeur le présente dans sa collection SF. Cette classification pourrait lui faire perdre des lecteurs, friands de romans historiques, catégorie dans laquelle cet ouvrage a également sa place à mon avis.