Soeurs de sang
		Sylvain, Dominique Edition : Points 2010, 288 pages ISBN : 978-2-7578-1192-4 7 €

L'histoire qu'Ana Chomsky raconte à Louise Morvan pour requérir ses services est romantique à souhait : elle aurait reconnu, dans un petit rôle du jeu Meurtre à Babylone, le visage de l'un de ses anciens amants, et voudrait le retrouver. Louise découvre très vite la véritable identité de celui qui ne s'est jamais appelé Patrick. Mais il semble en cavale, après le meurtre de sa maîtresse, Victoria Yee, et la police, en la personne du ténébreux et séduisant commissaire Serge Clementi, le recherche, ainsi que sa soeur, mentalement perturbée et disparue avec lui.

Ce résumé basiquement factuel ne rend pas du tout un hommage suffisant à la complexité d'une intrigue qui se déploie sur plusieurs pays, et toujours à la frontière entre réalité et réalité virtuelle, entre mise en scène de la mort comme l'Art ultime, et le meurtre plus ou moins crapuleux. Malgré les apparences, on est dans cette histoire très loin de De Quincey.

Dominique Sylvain ne tient pas à rendre ses personnages plausibles, et ne laisse jamais le lecteur oublier qu'il lit une oeuvre de fiction. Cela lui permet d'affûter ses dialogues, et de créer une galerie de seconds couteaux hauts en couleur et en contrastes. Ce style d'écriture peut certainement repousser par son côté précieux, voire esthétisant, et ses aspects vaguement élitistes. Quand on aime, toutefois, on ne s'en lasse pas, et même si ce n'est pas le cas, il faut souligner le niveau de qualité constant des romans de cette auteure.