Super-Héros !
		Collectif Edition : Parchemins et Traverses 2010, 384 pages ISBN : 978-2-9524693-5-7 20 €

C'est une bonne idée de la part des anthologistes de Parchemins & Traverses d'avoir cherché à savoir quelle trace les "super-héros" ont laissée chez les auteurs qui auraient le goût de leur rendre hommage. Dix-sept ont relevé le défi, et cela donne un panorama à peu près exhaustif de cette figure mythique.

Le super-héros est différent des autres. Partant de cette donnée de base, il peut être isolé parce que craint, comme le Dépeceur dans la nouvelle de Timothée Rey ; exploité de façon plus ou moins mortelle, comme dans Servitude, de Lysianne Detey, Les Monstres, de Jacques Fuentealba, ou encore la superbe Lambda Man de J.-A. Debats ; à la fois adulé, exploité et méprisé, comme dans Avis de tempête, de Cindy Van Wilder ; inconscient de ses propres capacités, dans Le pouvoir des mots, de Yoann Denuault ; passer totalement inaperçu, comme dans Hypereyelidtamer, de Nico Bally. En résumé, on est super-héros par essence, et ce n'est pas un emploi pour lequel on peut postuler, comme on le voit, de façon ambiguë, dans La mère de tous les vices, de Guillaume Thiberge.

Le super-héros est différent aussi de ses propres confrères, et ne s'entend pas toujours bien avec eux, témoin Trêves de comptoir, de Anthelme Hauchecorne.

Il découle des deux axiomes précédents que sa vie de famille est compliquée. Il n'est que de voir ce qui arrive dans Atomic Girl et moi, de Oliver Castle.

Le super-héros a toujours existé, à toutes les époques, sous une forme ou une autre, par exemple aux Thermopyles, dans Nous nous battrons donc à l'ombre, de Olivier Boile, pendant l'empire romain d'Orient, dans Le Komikoï, de William Blanc, et dans une réalité très alternative, pour ne pas dire virtuelle, dans Si ce n'est victoire... de Simon Bréan... quitte à n'être plus qu'un souvenir gênant, et encore, dans Histoire de cendres, de Karim Berrouka.

Le super-héros peut être victime de sa propre réussite, comme dans Cityville est calme ce soir, de Don Lorenjy ; avoir peu de substance face à son adversaire, dans Cap'tain Life, de Alexis Moroz ; avoir ses propres idées quant à ceux qui méritent (ou pas !) son aide, dans Le Guérisseur, de Réjane Durand.

Toutes ces histoires à faire rêver, à faire rire, à faire pleurer, en somme à ressusciter l'enfant fasciné par le super-héros en chacun de nous, sont intéressantes et originales, chacune à sa propre façon. Toutefois, en ce qui me concerne, je retiens celles de J.A. Debats et T. Rey pour la personnalité étonnante du super-héros, et celle de R. Durand pour le renversement de l'image, en plus de leurs qualités d'écriture. Mais je n'en oublierai pas pour autant les noms et la plume habile de N. Bally, O. Boile, O. Castle, J. Fuentealba ou D. Lorenjy.

L'anthologie elle-même est un travail bien fait, avec une préface plaisante et utile à lire, comme la présentation des auteurs et des illustrateurs.