Le mystère de la maison Aranda
		Tristante, Jeronimo Edition : 10/18 2010, 416 pages ISBN : 978-2-264-04905-6 7,90 €

Dans le Madrid agité de la fin du XIXe siècle, le jeune et ambitieux sous-inspecteur Victor Ros Menendez n'a pas à se plaindre, même s'il déplore la mort de son vieil ami et mentor, Don Armando Martinez, celui qui a su lui démontrer que son esprit brillant serait plus sûrement employé par la police que dans une carrière criminelle. Il est certain que cet émule de Sherlock Holmes, attaché aux indices, aux preuves, à la police scientifique, en un mot, ne peut croire un instant que la maison Aranda soit hantée par un mauvais esprit qui condamne chaque épouse des couples qui l'habitent à tuer leur mari, ou tenter de le faire. Et pourtant...

L'atmosphère de l'Espagne de l'époque est très bien rendue, entre tradition et modernité, le fossé se creusant entre riches et pauvres, et les enquêtes décrites dans le roman le dépeignent parfaitement et sans lourdeur. L'écriture elle-même a souvent des accents très XIXe, qui évoquent de façon caricaturale G. Leroux ou M. Leblanc, comme on peut en juger par ce court extrait (p. 310) "Les mailles du filet commencent à se resserrer sur les canailles qui ont conçu ce plan maléfique. Qu'elles se préparent à supporter le terrible poids de la loi lorsqu'il s'abattra sur leurs têtes diaboliques !".
La construction de l'intrigue aussi est "d'époque", avec le lecteur qui patauge, comme tout le monde d'ailleurs, jusqu'à ce que le détective s'écrie, métaphoriquement parlant, "Bon sang, mais c'est bien sûr !", et résolve l'énigme sous le regard ébahi, complaisant, admiratif, etc, de l'assistance, coupable compris. Il faut aimer ce style, ou fuir. Quand on aime, c'est bien fait, plaisant, malgré quelques excès et maladresses de jeunesse, et les personnages sont sympathiques. En somme, un nom d'auteur à retenir.