Le saigneur de Tiffauges
		Corbeyran & Horne Edition : Soleil 2010, 46 pages ISBN : 978-2-302-00882-3 12,90 €

Nous sommes en octobre 2007 en Vendée. Un couple fait une halte car la route qu'ils font avec leurs deux jeunes enfants est plutôt longue. Pendant que les enfants jouent dans la forêt environnante, le couple discute. Jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que cela fait quelques instants qu'ils n’entendent plus leurs enfants… La réaction est immédiate : ils courent et appellent ensemble dans la forêt, jusqu'à ce qu'ils retrouvent leur petite fille. Cette dernière est tétanisée, pleine de boue, et ne parvient pas à dire où se trouve son grand frère.

Un an plus tard : octobre 2008… Une école est en train de visiter un château local, où il est notamment question de visiter un ancien laboratoire d'alchimie. La visite se passe pour le mieux, malgré les évidents chahuts, jusqu'à ce que le petit Nicolas soit introuvable… Les recherches ne donnent rien, et l'ombre de la disparition de l'année précédente plane… Aucun suspect n'a été trouvé, malgré le fait que des restes du petit garçon, à savoir une main, un pied et le coeur, ont été retrouvés dans une urne…

Toujours est-il que l'enquête est confiée à l'inspecteur Gilles Deray. L'homme est profondément investi dans ce genre d'enquêtes, car c'est lui qui a du affronter les regards des deux familles touchées par ces disparitions. Son couple commence d'ailleurs à en pâtir, mais ses efforts le conduisent à visiter le château de Tiffauges, connu comme ayant été celui de Barbe bleue, alias Gilles de Retz. Il se trouve que l'homme était un proche du roi et a amassé des fortunes et des biens, mais qu'il aimait à violer de jeunes enfants avant de les tuer. L'homme se faisait amener les jeunes garçons par une vieille femme encapuchonnée, et a été pendu un 26 octobre, date exacte des deux dernières disparitions.

Le saigneur de Tiffauges est un one-shot signant le retour d'Eric Corbeyran dans une production Soleil. On pourrait penser avoir ici un livre se passant dans un quelconque moyen-âge, mais que nenni : c'est bien à notre époque que se déroulent les faits, même si certains passages ésotériques pourraient nous en faire douter. On retrouve donc ici une histoire mettant l'accent sur les agissements d'un serial killer en puissance, dans les siècles passés, et faisant pourtant encore les beaux jours de certains contes destinés à la jeunesse. Le jardin de Gilles de Retz n'a pas grand-chose à envier avec ce qu'on a pu découvrir chez certains tueurs contemporains…

Corbeyran signe en tout cas un livre prenant, au scénario tout à fait construit et agréablement rythmé. Comme à son habitude, l'homme ne nous ennuie pas une seconde, dans un livre qui aurait eu sa place dans la collection Serial Killer de l'éditeur. Graphiquement, les dessins et couleurs sombres utilisés collent parfaitement à l'histoire, et renforcent le côté oppressant de certaines scènes. Un livre tout à fait réussi donc, qui ravira une nouvelle fois les amateurs de Corbeyran, et dieu sait qu'ils sont toujours aussi nombreux…