Championzé
		Ducoudray & Vaccaro Edition : Futuropolis 2010, 128 pages ISBN : 978-2-7548-0248-2 20 €

Nous sommes au Sénégal en 1897. Les femmes noires portent sur leur tête de lourds récipients remplis de poissons, le contenu de la pêche de leurs maris, en somme. L’une d’elles ne ménage pas ses efforts, et pourtant, elle est enceinte, et même sur le point d’accoucher ! Elle refuse pourtant de l’aide, et en arrive même à perdre les eaux. C’est dire la ténacité de cette maman, qui donne naissance ce jour là, dans une hutte, à un petit garçon bien vigoureux, Amadou Fall.

Huit ans plus tard, on retrouve de luxueux bateaux européens en croisière sur les fleuves sénégalais. Les gamins nagent autour des bateaux et se donnent en spectacle, histoire de se voir jeter quelques pièces par les touristes. Justement, un gamin plus débrouillard que les autres en vient à récupérer un Louis d’or, et à même monter sur le bateau pour le rendre à sa propriétaire… C’est ainsi que le garçon, Amadou Fall, se fait embaucher dans une troupe de théâtre, à la demande expresse des deux danseuses féminines de la troupe, qui le rebaptisent illico Louis Siki Fall.

Le jeune sénégalais fait son petit effet lors des entractes, en costume, à réciter des contes et des poèmes, même s’il a le mal de mer et le mal du pays. Rapidement, la situation de la troupe se dégrade : les spectacles sont de plus en plus rares, et Louis a de moins en moins l’occasion de jouer et d’être payé… Il est ainsi abandonné par la troupe, et vit de petits boulots. Jusqu’à ce qu’il assiste à un match de boxe, dans un port : c’est la révélation : Louis adore ce sport, et en arrive vite à le pratiquer. Il est plutôt même sacrément doué, et parvient à vite gravir les échelons de ce noble sport, même si le racisme y est fortement enraciné à cette époque.

Voilà l’histoire, ou plutôt la vie de Louis Siki Fall, que les éditions Futuropolis nous proposent de découvrir. Le graphisme proposé est intégralement sépia, ce qui met en valeur le dessin d’Eddy Vaccaro, lequel se prête merveilleusement au grain de papier si particulier aux productions de cet éditeur. Le livre a été fait sans limitation, puisqu’on a droit à pas moins de 116 planches : de quoi donner largement le temps donc au narrateur, Aurélien Ducoudray, de faire montre de son talent.

Championzé est une production originale, belle, aussi bien sur le plan graphique que sur l'aspect scénaristique, vous l’aurez compris : un titre qui n’a pas grand-chose à envier à nombre de tranches de vie qu’on peut trouver dans la collection Aire Libre de chez Dupuis, par exemple. Une nouvelle pépite qui vient agrandir l’éventail déjà bien fourni des éditions Futuropolis : à mettre une nouvelle fois entre toutes les mains.