Perdre est une question de méthode
		Gamboa, Santiago Edition : Points, Collection : Roman noir 2009, 347 pages ISBN : 978-2-7578-1573-1 7 €

Un homme est retrouvé empalé, nu sur les bord du Sisga. C'est l'occasion pour le journaliste Victor Silanpa de faire un joli papier et de sortir de sa morne vie. Il part donc à la recherche d'indices, de rumeurs qui pourraient concerner ce crime. Or l'identité de la victime reste inconnu et ce mystère ne semble pas inquiéter les autorités. Victor s'obstine, sûr de tenir là un scoop. Pourtant plus il va fouiner, creuser, plus il va déranger, au point de recevoir des menaces. Appeuré, Victor n'en lâche pas pour autant le morceau et une partie du jeu du chat et de la souris se met en place.

Qui est cet inconnu retrouvé mort, crucifié ? Quelle est donc la signification de cet acte horrible ? Peut-on parler de vengeance ou de cérémonie ? Tant de mystères qui malheureusement vont vite tourner court. Un assassinat qui semblait être un crime rituel, à l'origine des actes d'un psychopathe ou d'une dévotion, devient, en réalité,une affaire d'intimidation au sein de la mafia colombienne. En question, un lot de terrains qui plaisent à bon nombre de personnes : futur milliardaire, puissant politicien ou promoteur immobilier... Ces biens apparaissaient dans le testament de Pereira Antunez mais voilà les titres ont disparu. C'est alors l'occasion pour tous ces vautours d'espérer récupérer les terrains si toutefois les titres existent encore.

À ses débuts, l'enquête patine. C'est l'occasion, pour l'auteur, de présenter le personnage principal en la qualité du journaliste Victor Silanpa. Il y consacre quelques chapitres retraçant son parcours. Au bord de la déprime, en pleine histoire d'amour qui tourne mal, le lecteur retrouve un personnage hanté par l'alcool, le travail et une femme. Il s'entoure, selon les fruits du hasard, d'une équipe très hétéroclite composée d'un témoin du crime, d'une prostituée et d'un homme de main au sein du journal. Victor Silanpa n'oublie pas son vieil ami, un journaliste en maison de retraite pour n'avoir pas su décrocher de son métier. Toute cette équipe ne semble pas montrer le côté le plus rutilent de la société mais des hommes et des femmes qui survivent comme ils peuvent et mènent une vie pour le moins morne et ordinaire. Le lecteur peut s'y retrouver mais en a-t-il envie ? Ne préfère-t-il pas suivre les actions héroïques d'un enquêteur intelligent et séduisant ?

Déçue de n'avoir pas affaire à un grand malade mais à un complot mafieux, j'ai eu du mal à m'accrocher. Puis les actions se sont succédées, le suspens m'a prise et je me suis attachée à Victor, grimaçant à chaque mésaventure. L'auteur ne l'a pas épargné.