Résurrection (Le monde d'Alef-Thau - Tome 1)
		Jodorowsky & Nizzoli Edition : Delcourt, Collection : Neopolis 2009, 54 pages ISBN : 978-2-7560-1943-7 13,95 €

Un dessinateur est en pleine séance de dédicaces dans ce qui ressemble comme deux gouttes d'eau au magasin Album Comics de Saint-Michel. Son nom ? Nizzoli lui-même ! L'occasion ? La sortie de la nouvelle série consacrée au monde d'Alef-Thau. Voici la fin de la journée, et le dessinateur n'en peut plus de cette harassante journée à dessiner pour des fans en furie. Impossible de faire un trait supplémentaire, même pour cette vieille femme insistante, qui lui prédit un malheur, lequel arrive sur le champ, puisque Nizzoli est renversé par une camionnette et tombe dans un profond coma, au grand désespoir de sa petite famille.

L'homme n'est cependant endormi qu'en apparence, car le voilà en esprit dans un monde imaginaire, où il va falloir se battre pour survivre ! Car dans ce monde, les choses partent très mal : notre nouvel arrivant est un homme tronc, cest-à-dire sans aucun des quatre membres, et aveugle qui plus est ! Son atout ? Une chevelure extra longue qui peut servir à attaquer, et une superbe voix.

Et c'est ce dernier atout qui est d'abord utile, puisqu'une roulotte de gens du spectacle vient secourir notre malheureux. Rapidement, la troupe a du succès en ville, mais les habitants, tous de forte corpulence, sont sous la coupe d'une menace mortelle qui scandalise Nizzoli. Des monstres arrivent quand bon leur semble et n'ont qu'à se servir dans les habitants apeurés qui servent de gibier.

Ah ! Joubliais encore un atout de Nizzoli : il est doté d'un courage à toute épreuve, et ne pourra s'empêcher de se révolter pour éviter ce carnage. Et cela vaut mieux, car dans la vraie vie, les médecins et les infirmières font tout pour récupérer ses organes, et la petite amie pourrait bien vite être sur le point de céder !

Je ne connaissais pas la série précédente du Monde d'Alef-Thau avec Arno, mais je suis assez fan d'autres séries de Jodorowsky, comme La caste des méta-barons, Megalex ou le tout récent Le pape terrible. On retrouve ici une ambiance tout à fait jodorowskienne (allez, un nouveau mot dans le Larousse !) qu'on avait dans Castaka. C'est imaginaire, déjanté, et parsemé de jeux de mots et de clins d'oeil à d'autres auteurs ou collègues.

Le dessin de Nizzoli colle parfaitement au scénario (je suis un admirateur de Les enfants du crépuscule du même dessinateur). Clair et épuré, il est parfait pour la bonne compréhension et pour une lecture ma foi bien agréable. Une série qui peut se lire indépendamment de la série mère, et qui se révèle bien intéressante : de quoi donner l'envie de découvrir le prédécesseur !