La cloche du lépreux (Soeur Fidelma - Tome 14)
		Tremayne, Peter Edition : 10/18, Collection : Grands détectives 2009, 350 pages ISBN : 978-2-264-04961-2 7,90 €

Dans l'Irlande du VIIe siècle, Soeur Fidelma et son époux saxon Frère Eadulf sont confrontés à une enquête qui les touche de près : leur bébé Alchù a disparu, sa nourrice Sarait a été sauvagement assassinée. Fidelma est bouleversée et peine à mettre en oeuvre ses légendaires facultés intellectuelles. Quand à Eadulf, il se montre plus ombrageux qu’à l'accoutumée, ce qui pousse Fidelma à se remettre en question et met en péril la stabilité du couple.

L'enquête est difficile car les indices sont peu nombreux. Est-ce un kidnapping pour faire pression sur le roi de Muman (un des cinq royaumes d'Irlande), qui est l'oncle d'Alchù ? La vengeance d'un ennemi que se serait fait Fidelma dans son travail de dalaigh (juriste) ? L'action d'une personne qui n'apprécie pas qu'une noble de haut rang ait épousé un étranger ? L'œuvre d’un traître ? Le couple se lance sur les traces d'un mystérieux nain muet portant une cloche de lépreux, puis d'une troupe de baladins… Le temps presse si on veut retrouver le bébé vivant !

Je découvre Soeur Fidelma avec ce roman. Elle est ici un peu désemparée, c'est son époux Eadulf - généralement plus réservé - qui tient la vedette, ce qui hérisse Fidelma. En parallèle de l'enquête, une question insidieuse reste au premier plan des pensées du couple, car leur mariage à l'essai touche à sa fin. Fidelma a peur de trop s'impliquer auprès de son mari et son fils, Eadulf s'irrite d'être traité en étranger. Leurs relations sont très tendues. Vont-ils rester unis ou partir chacun de leur côté ?

L'intrigue en elle-même se dévoile petit à petit, avec rebondissements et fausses pistes, mais le lecteur averti pourra deviner le coeur de l'intrigue avant la fin du livre.

Ce qui fait le plus de ce roman, c'est plutôt le côté historique remarquablement documenté. L'Irlande moyenâgeuse est une période relativement peu connue du public français, où le christianisme est encore récent et côtoie encore par endroits une religion celtique plus ancienne. Les querelles religieuses y sont nombreuses, opposant l'Eglise celte et l’Eglise de Rome sur des points précis, comme par exemple l'obligation de célibat pour les religieux (qui touche notre couple de héros de près !). On retrouve ainsi de nombreuses querelles théologiques dans le roman. Au fil des pages, le lecteur découvre aussi de nombreux aspects du système juridique ou de la vie quotidienne à cette époque très intéressante. Je regrette cependant l'absence d’un lexique final qui reprendrait les nombreux termes celtes employés dans le texte.

Le tout est servi par une écriture fluide, qui fait passer un très bon moment de lecture.