S comme silence
		Grafton, Sue Edition : Pocket, Collection : Policier 2009, 471 pages ISBN : 978-2-266-18211-9 6,90 €

Violet disparait, laissant sa fille et son mari sans explication. Trente-quatre ans plus tard, Daisy engage une détective privée pour retrouver quelques traces de sa mère. Or la piste est bel et bien froide et les témoignages n'ont rien changé en l'espace de ces quelques années. Kinsey Millhone navigue entre doutes, certitudes et secrets longuement gardés jusqu'au moment où elle semble toucher une piste. Les années ont eu beau passer, les griefs sont tenaces, que trouvera Kinsey au bout de l'aventure ?

Comme il fallait s'en douter et comme le souligne l'héroïne Kinsley Millhone, l'affaire est ancienne et on ne peut pas s'attendre à une révolution. La détective réinterroge les gens du voisinage, vérifie leur version des faits et recoupe les informations afin de trouver la faille. Le récit est fastidieux, les témoignages sont répétitifs. On n'apprend rien de nouveau, on s'ennuie en espérant une action ou un changement de rythme. Quand enfin, cela arrive, ce n'est pas convaincant, voire insignifiant par rapport à l'affaire. On baigne dans des histoires anciennes de voisinage entre amitié d'enfance et cohabitation en huit-clos entre quelques habitants perdus au milieu de nulle part. L'ambiance décrite est, comme la vie là-bas, ennuyeuse et banale où chacun fait le maximum pour s'en sortir et vivre quelque peu décemment.

Sue Grafton a apporté une fantaisie à son roman en alternant les chapitres en temps réel et l'histoire du passé. On voit les habitants vivre et on essaie de s'immerger dans leurs vies et leurs habitudes. Puis le parallèle est fait entre les instants vécus et les témoignages. L'auteur met alors en évidence les sous-entendus et les silences sur certains secrets. Or ces récits, de trente-quatre ans passées, pourraient apporter à l'aventure la nouveauté et la vérité mais ils ne font que confirmer ce que l'on suspectait.

Le roman est sans surprise. Il fallait se douter qu'une aussi vieille affaire ne soulève que quelques grains de poussière. Or le récit manque de rythme et de conviction, la fin est décevante, trop couru. S comme silence est le dix-septième roman d'un abécédaire sur le crime. La curiosité pousserait-elle à découvrir l'un des autres ouvrages en espérant qu'une trame différente montre le vrai talent de l'auteur ?