Hiver
		Kallentoft, Mons Edition : Le Serpent à Plumes, Collection : Roman noir 2009, 483 pages ISBN : 978-2-268-06800-0 24 €

Un corps ensanglanté est retrouvé pendu à un arbre. Dans cette forêt, le temps semble s'être arrêté, les arbres sont pétrifiés par le froid et la neige recouvre entièrement le paysage. Un calme apparent semble avoir envahi cet univers. Malheureusement, ce sentiment n'a pas été partagé par la victime : torturée, mutilée. Laissée entre les mains du froid, sa fin n'a pas été sans douleur. Pour les inspecteurs Malin Fors et Zeke Martinsson, les éléments sont maigres : on ne connait pas l'identité de la victime. Et surtout la mise en scène semble montrer l'acte d'une secte et d'un sacrifice rituel, sans vraiment convaincre les policiers présents sur la scène de crime. Quel acte inhumain peut cacher une telle mise en scène ? Qui mérite une fin si atroce ?

Sur la scène de crime, les indices sont maigres. Et visiblement, après identification, tout le monde connaissait la victime sans vraiment y faire attention. Les deux inspecteurs vont naviguer dans un flou artistique pendant une grande partie de l'enquête. Aidés par une équipe bien rodée et un chef un peu coq, ils vont explorer les nombreuses pistes sans trouver le moindre aboutissement convaincant. Les efforts, pour aboutir à une conclusion, semblent vains et lassent progressivement le lecteur. Il manque des éléments surprenants qui relanceront l'affaire et l'intérêt du lecteur.

Or l'étau va se resserrer autour d'une famille sombre, au passé trouble et aux agissements décalés. D'une main de fer, la mère semble tenir ses fils et leur famille autour d'elle, en autarcie. Leur accueil est rustre et leur coopération est faible voire agressive. Car derrière tout cela, se cache un lourd secret et des actes qui ne sont pas louables. La mère manipulatrice, la mère matriarche ne veut pas que son monde autour d'elle éclate. Qu'a-t-elle pu faire pour créer ce noyau fusionnel ? Que cache-t-elle qu'elle défend à tout prix. Au moment où le lecteur commence à s'ennuyer d'une enquête qui traîne, l'auteur attire l'attention sur une famille et ses mystères.

A certains moments de l'enquête, une voix apparait. La victime intervient pour commenter les différents témoignages ou pour encourager l'inspecteur Fors à persévérer. Elle ne sert pas à révéler des éléments de sa vie ou à donner des indices pour faire avancer l'enquête. Elle est là pour l'ambiance, pour donner une autre dimension. L'auteur a imaginé ce que peut ressentir la victime quand on cherche dans sa vie, quand elle sait qu'elle a quitté ce monde. C'est un point curieux qui interroge, cependant, sur son utilité. Un peu à la Cold Case, quand à la fin de l'épisode on voit la victime disparaître dans un sentiment de paix.

Hiver : le titre du livre est bien trouvé. L'auteur appuie son récit de descriptions hivernales et de températures négatives. L'hiver emprisonne la nature et la laisse dans un état de latence. Un peu comme l'enquête qui s'enlise et n'arrive pas à se sortir du crime. Cependant, quelque chose me retenait, une ambiance particulière m'encourageait à continuer. Je sentais qu'autre chose que d'ennuyeux allait ressortir du roman. Je ne fus pas déçue.