Le roi banal
		Ozanam & Kyung-Eun Edition : Casterman, Collection : KSTR 2009, 116 pages ISBN : 978-2-203-00751-2 15 €

Un vieil homme vit seul avec son chien dans un quartier résidentiel tranquille, en banlieue. Sa femme est morte depuis des années, et l'homme n'a plus vraiment de relation approfondie avec qui que ce soit, même pas avec sa fille, enceinte d'un troisième enfant, et avec son facteur sans ambition de gendre... Bref, les journées peuvent rapidement être longues et monotones, voire ennuyantes : il faut, dans ces conditions, se trouver une occupation... Alors, après tout, pourquoi pas : ce vieil homme a toujours rêvé d'être roi. Alors, il se met en tête de harceler l'ONU de missives afin que son état, Georgettia, en hommage à sa défune épouse Georgette, soit officiellement reconnu.

Le gendre, justement, travaille dans le bureau de poste du coin. Lui, il travaille sans goût, juste pour nourrir sa famille et une femme qui se transformerait vite en cobra en cas d'écart de conduite avéré... Le gendre avait un rêve : celui de devenir écrivain. Mais l'inspiration n'est jamais venue, jusqu'à cette histoire délirante : quelquun envoie de manière frénétique des lettres à l'ONU, histoire de devenir un vrai roi, officiellement. On tient là une idée véritablement forte pour un scénario de roman délirant, non ?

Alors il va falloir entretenir le mythe chez cette étrange personne, et lui répondre, en se faisant bien évidemment passer pour l'ONU. C'est ce que fait le gendre, en cachette de sa femme, qui ne supporterait pas un tel jeu. Avec l'aide dautres collègues de la Poste, notamment une collègue féminine, la réponse va se mettre en marche, histoire de faire durer le suspense...

Et c'est un nouveau livre d'Ozanam que l'on tient là, dans la très belle collection KSTR de Casterman. Une nouvelle fois, on tient là quelque chose de complètement différent de Last Bullets ou du récent E dans leau paru chez Glénat. Exit ici les ambiances fantasy, ou les idées tarantinesques : on a un univers tout ce qu'il y a de plus banal, comme le titre l'indique. Banal, certes, mais dans le bon sens du terme, attention !

On tient là un livre plein d'humanité, à cheval entre les situations loufoques et la tranche de vie. Le dessin clair et épuré de Kyung-Eun permet une lecture facile, parfaitement adaptée à la tranquillité du scénario imaginé par Ozanam. Je ne peux au passage que vous recommander les dédicaces de ce fantastique dessinateur corréen : de vraies merveilles ! Bref, une nouvelle lecture bien rafraîchissante dans cette collection pleine de pépites : on ne pourra que louer cette nouvelle pierre à l'édifice.