La Prêtresse Blanche (L'âge des cinq - Tome 1)
		Canavan, Trudi Edition : Bragelonne 2009, 550 pages ISBN : 978-2-35294-303-7 28 €

La jeune Auraya Teinturier vit tranquillement dans son village auprès de sa mère souffrante. Elle s'est adjoint, à cet effet, les services d'un Tisse-Rêves répondant au nom de Leiard, bien que cela soit formellement interdit par la religion. Ce dernier prend, parallèlement, en charge une partie de l'éducation de la jeune fille. Lorsqu'un un incident survient mettant directement en péril la vie des villageois Auraya va faire montre d'ingéniosité afin de dénouer une situation tendue en trouvant une solution pacifique à un problème épineux. Elle parvient ainsi à mettre un terme aux velléités belliqueuses des agresseurs et, ce faisant, elle impressionne grandement une élue des Dieux, la Blanche Mairae. Cette dernière lui propose alors d'intégrer le clergé. C'est ainsi qu'elle devient une prêtresse circlienne au service de cinq Dieux anciens et puissants.

Ce premier tome est le nouvel opus de l'auteur australienne Trudi Canavan, dont la précédente trilogie des Magiciens avait rencontré un joli succès en France. Ce roman ne déroge pas une certaine règle déjà démontrée avec les précédentes oeuvres. Il donne immédiatement et irrémédiablement envie de se plonger dans les aventures de cette héroïne. On ne s'astreint à lâcher cet ouvrage qu'à contrecoeur, même si son poids fait qu'il a tendance à tomber des mains du lecteur.

Malgré quelques défauts mineurs, des répétitions, quelques longueurs, on suit avec détermination cette histoire qui ne brille pas par son originalité ou son style novateur. Seul le côté agréable et passionnant pousse à continuer avidement, à s'enfoncer toujours plus loin dans les méandres du récit. A l'instar de la précédente trilogie, c'est une jeune femme qui est aux commandes, une figure féminine forte qui doit mener de front sa carrière et sa vie privée comme toute une chacune. Elle n'hésite pas à se mettre en danger et à aller à l'encontre de ses croyances pour vivre pleinement sa vie de femme. Elle réfléchit, ne se laisse pas aveugler par son rôle de prêtresse, prend des décisions qui peuvent être désapprouvées mais toujours avec son coeur et dans le but de servir les intérêts du plus grand nombre. Elle est habile, séduisante et dotée de grands pouvoirs magiques qui ne laissent pas de surprendre ses aînés.

Toutefois, il lui arrive d'avoir une manière de réfléchir bien peu compatible avec la générosité et l'honnêteté dont elle fait montre la plupart du temps. Bien sûr elle ne pense pas à mal mais cela apparaît contradictoire au regard de sa façon d'agir. Il s'agit seulement d'une remarque légère qui ne remet nullement en cause les nombreuses qualités de cette oeuvre. On peut, bien entendu interpréter cette attitude comme un conflit interne, cependant ce comportement a l'air anachronique par rapport aux événements.

La présentation est superbe comme la majorité des oeuvres reliées concoctées par Bragelonne. Le livre est de bonne facture et la carte intérieure figure parmi les plus belles rencontrées jusqu'alors.

On choisit délibérément de ne pas s'appesantir sur le résumé car il se produit assez tôt dans le roman un fait décisif prévisible certes mais dont il paraît inutile de révéler la teneur trop rapidement. Ce livre se suffit à lui-même dans l'intérêt qu'il provoque. Il ne nécessite rien d'autre que sa parure pour susciter l'envie et l'attirance. Nul besoin d'artifice, il n'a rien d'autre à offrir qu'un agréable moment de dépaysement en compagnie de personnages plaisants et attrayants.

En conséquence il semble assez inutile de chercher plus loin des points positifs. Il ne reste qu'à faire preuve de patience en attendant la suite.