Papa told me (Tome 1)
		Haruno, Nanae Edition : Kana, Collection : Big Kana 2009, 437 pages ISBN : 978-2-5050-0714-2 15 €

Chisé est une petite fille assez mure pour son âge. Il faut dire qu'elle vit seule avec son père depuis que sa mère est morte voilà quelques années. Entre eux, la cohabitation se passe bien. Son père est romancier, et elle adore lire des romans de même. D'ailleurs, elle se lie facilement d'amitié avec beaucoup de monde, n'hésite pas à dire toujours ce qu'elle pense, et en plus elle s'invente des tas d'histoires bizarres.

Papa told me, c'est une longue saga de petites histoires autour de ce père et de cette fille. Nanae Haruno l'a écrite voilà déjà quelques décennies, et en a même obtenu le prix Shogakukan en 1990, preuve s'il en est de sa qualité. Mais un tel manga fleuve en France, pour une mangaka qui n'est pas connue de ce côté-ci du continent, c'était délicat. Alors Kana a eu la bonne idée d'en faire une anthologie en trois tome au lieu des vingt-sept de la série initiale, mais bien gros les tomes ! Quatre cent cinquante pages annoncées, il y a ici de quoi lire quelques heures et de réduire les idées reçues sur les manga et leur manque de contenu...

Alors Chisé vit des aventures, côtoie le maire, la bibliothécaire, ses amies, des artistes amis de son père et même une princesse et une super-héroïne ! Le tout narré de façon tendre et intelligente à la fois. Normal pour une mangaka habituée à des oeuvres pour un public plus adulte. Ce shôjô en est foncièrement plus mature que les sempiternelles amours adolescentes et souvent sans intérêt ou par trop extravagant. Chisé n'hésite pas à rouspéter ou faire sa petite capricieuse quand elle l'estime nécessaire, à jouer les petites filles de bonne famille ou au contraire se demande si voler des glands c'est mal et d'appeler la police pour en avoir le coeur net.

Vous le voyez, cette lecture est plutôt dépaysante. Par contre, je m'étonne sur le choix des chapitres fait, et surtout de leur ordre... enfin de leur désordre. Tour à tour, on peut voir que l'expression du père de Chisé, et de cette dernière d'ailleurs, n'est pas toujours la même, car parfois il n'y a que peu de temps depuis la disparition de la mère de famille, alors que d'autres fois les choses de la vie ont eu le temps de se mettre en place, ce qui se ressent dans le récit. Bref, c'est assez déroutant. Peut-être Kana devrait-il nous informer sur les raisons de ce choix éditorial. À moins que celui-ci fut fait précédemment par l'éditeur nippon.

Quoi qu'il en soit, avec ses quelques pages en couleur et sa finition de bon niveau, la lecture de Papa told me s'avère agréable et donne un goût de reviens-y. Néanmoins, je déconseille de lire le recueil d'une seule traite. Les bonnes choses sont celles qui durent.