Loup Blanc (Cycle de Drenaï)
		Gemmell, David Edition : Bragelonne 2009, 406 pages ISBN : 978-2-35294-331-0 20 €

Depuis la prise de Perapolis et le massacre de toute sa population, le général naashanite Oleg Skilgannon est connu comme le Damné. Son passé pèse lourdement sur sa conscience, ce qui l'a incité à quitter le service de la Reine-Sorcière Jianna, puissante mais avide de plus de puissance encore. Il est parti en quête ; il cherche le Temple des Résurectionnistes, espérant que ceux-ci pourront ressusciter sa douce épouse à partir de l'os et de la boucle de cheveux qui ne le quittent plus, mais également des réponses : qui est le Loup Blanc qui hante ses rêves ? Pourquoi l'animal semble t'il craindre les démoniaques Epées de la Nuit et du Jour que porte le jeune homme ?

Ses pas vont le mener au devant d'un autre combattant légendaire, Druss le Guerrier à la Hache, vieillissant mais encore fort impressionnant. Celui-ci mène sa propre quête pour retrouver des amis disparus : Orastes, seigneur de Dros Purdol, et sa fille Elanin. Les deux fabuleux guerriers vont se trouver des intérêts communs et faire route ensemble, accompagnées d'une poignée de compagnons hétéroclites : Rabalyn, un garçon orphelin au coeur pur ; la belle Garianne, rendue folle par les voix des morts qui parlent dans sa tête ; Jared et Nian, deux jumeaux inséparables dont l'un est simple d'esprit ; et enfin Diagoras, un officier drenaï qui a survécu à la sanglante bataille de Skeln. Un groupe disparate mais dont les membres partagent de grandes qualités de coeur !

On trouve plus ou moins dans ce nouvel opus de la saga Drenaï ce qu'on s'attendait à y trouver. Cadeau bonus, au lieu d'un seul "héros invincible au passé douloureux remportant tous ses combats même à un contre cent", nous en avons ici deux pour le prix d'un. Cest un peu dommage, car Druss fait double emploi avec Skilgannon, sa présence semblant surtout destinée à attirer les nombreux admirateurs de ses précédentes aventures. D'ailleurs, même si ce roman peut être lu indépendamment des autres livres de la série, il y a de fréquentes allusions aux événements et personnages du cycle, certaines étant d'ailleurs parfaitement superflues (le fait que Garianne ait « emprunté » la fameuse arbalète de Waylander n'apporte pas grand chose, par exemple).

Du côté des « méchants », cette fois-ci la tâche est plutôt facile pour les « gentils » : il ne s'agit pas de sauver le monde, mais juste de se débarrasser d'un seul affreux, le Masque de Fer, ancien adversaire de Skilgannon, qui retient la petite Elanin dans sa forteresse. C'est un homme particulièrement cruel, mais pas un horrible sorcier, même s'il est en possession d'épées enchantées (les "grandes soeurs" de celles du Damné). Heureusement, pour mettre un peu de piquant, il y a les assassins à la poursuite de Skilgannon (la Reine-Sorcière étant un peu jalouse et n'ayant pas supporté d'être abandonnée par son ancien admirateur), ainsi que divers autres amuse-gueules pour nos héros : guerriers d'une armée d'invasion, monstres Fusionnés mi-hommes mi-animaux... Les scènes de bataille ne manquent donc pas !

Les passages du "présent" alternent avec des souvenirs de la jeunesse de Skilgannon : comment il a été élevé comme un guerrier, comment il a rencontré la Princesse Rebelle Jianna et - follement amoureux - l'a aidée à reconquérir son trône, comment il a choisi de la quitter pour partir sur les routes... Outre que cela éclaire agréablement le passé du Damné, cela permet au récit d'éviter d'être trop linéaire.

David Gemmell écrit bien, une écriture fluide, dans une veine épique. C'est une lecture facile, avec des gentils et des méchants bien définis, beaucoup d'action et une touche de magie pour stimuler l'imagination. Sans être son meilleur roman, ni surtout le plus original, celui-ci s'inscrit parfaitement dans le reste de son oeuvre : les fans adoreront, les autres lecteurs passeront également un moment agréable.

Notons que la suite des aventures du Damné devrait être éditée en français l'an prochain, concluant ainsi la saga Drenaï. A moins que quelqu'un n'ait conservé un os et une boucle de cheveux du défunt romancier, bien sûr...