Appelle-moi Ferdinand
		Durieux, Bourhis & Conty Edition : Futuropolis 2009, 62 pages ISBN : 978-2-7548-0240-6 16 €

Oscar est un homme tout ce qu'il y a de plus discret, banal, normal... Père de famille pas vraiment comblé, une femme banale aussi, qui le trompe d'ailleurs, un petit poste de cadre sans envergure. Le tableau est dressé, et assez triste finalement. Et comble de tout, Oscar apprend qu'il est gravement malade et qu'il n'en a plus pour très longtemps à vivre... Il cache la mauvaise nouvelle à sa petite famille, et décide de profiter enfin de la vie ! Saut en parachute, visite d'une call-girl, grands restaurants : rien n'est trop beau pour cet homme qui se sait condamner, et qui s'amuse même finalement de la colère de son épouse...

Puis l'occasion est belle aussi de faire renaître ce brin de folie profondément endormi en lui : c'est décidé, Oscar va se rapprocher de ses deux adolescentes de filles, et va apprendre des choses que son père aurait dû lui apprendre lorsqu'il était enfant, mais qu'il n'a jamais pu faire faute de temps... Alors, tiens, une folie de plus : il va aller lui rendre visite, à ce père, appelé Ferdinand, et peintre de son état. Ce dernier est surpris de voir débouler un fils qu'il n'a pas vu depuis des années, et va lui faire une confidence : Ferdinand aussi est atteint d'un cancer qui ne lui reste plus beaucoup de temps...

Alors tout désir de régler des vieux comptes s'évanouit, et il ne reste alors plus qu'une chose à faire : profiter de la vie, et de ceux qu'on aime, même si toutes ces relations sont sans doute parfois un peu trop compliquées...

Après Les gens honnêtes chez Dupuis Aire Libre avec Gibrat, c'est chez Futuropolis qu'on retrouve le dessin de Durieux. D'ailleurs, les connaisseurs pourront reconnaître le clin d'oeil à la série susnommée, lors d'une visite dans un bar local... On tient donc là une nouvelle tranche de vie, débridée, qui a le mérite de nous faire réfléchir : que ferions-nous si nous nous savions condamnés ? Dit comme ça, on pourrait croire qu'on a là une histoire triste, qui se finira forcément avec des larmes. En fait, ce one-shot est bien différent : l'accent est justement mis sur la volonté de faire enfin tout ce qu'on n'a jamais pu ou osé faire.

Ainsi, on aurait parfois presque l'impression que Oscar, le personnage ô combien principal ici, vient de gagner au loto, se permettant ainsi toutes les facéties, que ce soit au travail ou dans sa vie privée. Forcément, on ne peut s'empêcher de s'identifier à cet homme qui refuse de subir, qui a ce déclic qui le rend si attachant. Une très belle histoire servie par un graphisme mis en valeur par le grain du papier si spécifique aux éditions Futuropolis : un très bon moment à passer en tout cas !