Les adieux du soleil
		Cherryh, C. J. Edition : J'ai Lu, Collection : Science-Fiction 1982, 220 pages ISBN : 2-277-21354-3

Le futur. L'Humanité a essaimé dans l'espace. Le Soleil agonise. Sur la Terre désertée ne restent qu'une poignée d'hommes, regroupés dans les anciennes cités, ultimes refuges. Chaque ville est devenue une entité autonome, refermée sur elle-même. Chacune est devenue un lieu à part...

La Mort en ce palais (Paris) : Dans la Cité des Lumières, la Mort n'a plus cours. A force de confinement dans un même lieu, les âmes se réincarnent à l'infini, se remémorant tous leurs souvenirs. Les émotions se sont atrophiées. Jusqu'à la naissance d'Alain, un authentique nouveau-né à qui il faut tout apprendre ; Alain, qui va découvrir le désespoir d'un premier amour non partagé...
Une nouvelle très forte et touchante, avec au contraire de certaines de suivantes un personnage principal fort et attachant.

Les fantômes vinrent à sa rencontre (Londres) : La Tour accueille les dissidents, mais ce lieu historique cache d'autres présences. A leur contact, la docile Bettine, enfermée sur le caprice d'un Maire jaloux, va apprendre à se rebeller.
La nouvelle la plus amusante, la plus légère, où l'on assiste à la lente transformation d'une jeune femme à priori superficielle mais qui va se révéler au travers des épreuves.

Neiges d'antan (Moscou) : Tous les jours, Andrei part chasser hors des murs de la ville. A perte de vue s'étendent des neiges éternelles, d'une beauté parfaite, impitoyables pour qui ose leur ouvrir son âme.
Une nouvelle un peu compliquée, mais très poétique.

La règle du jeu (Rome) : Les habitants de la Ville Eternelle échappent à l'ennui par le Rêve : des chasses chimériques en trois dimensions auxquelles s'adonne un tyran blasé, enregistrées par une machine qui les restitue à volonté. Mais c'est une drogue dangereuse, car que se passe t'il quand la proie se révèle plus forte que le rêve ?
Dans cette nouvelle, on voit que la Terre n'a pas entièrement coupé les liens avec le reste de l'Humanité, s'appliquant encore au commerce des Rêves.

Vertiges (New York City) : La ville croît sans fin, démesurément. Vers le haut. Mais là-haut, tout là-haut, là où travaillent les Funambules, des centaines de niveaux au dessus du sol, un "accident" est si vite arrivé quand la corruption s'en mêle...
Cette nouvelle est la moins dépaysante, la plus plausible. Elle décrit une New York épurée telle qu'elle pourrait être demain.

La longue marche (Pékin) : Du fond des steppes, une armée formidable s'est mise en marche à la suite d'Yilan le conquérant, en direction de la paradisiaque Cité Céleste. Une conquête qui fait écho aux innombrables grandes conquêtes des siècles passés, comme celles d'Alexandre ou de César.
Cette dernière nouvelle ferme la boucle par rapport à la première, puisqu'elle reprend l'idée des réincarnations successives : un conquérant condamné à rejouer le même rôle encore et encore.

Les six nouvelles sont indépendantes et peuvent être lues séparément, malgré leur fil conducteur : des villes du futur agonisantes. Chaque nouvelle s'articule autour d'une idée simple, sommairement amenée et traitée. Le contexte est brièvement esquissé, suggéré. Le format court ne permet pas de développer énormément, et les personnages sont souvent un peu creux. En fait, il faut prendre les habitants en tant qu'éléments de décors, avec les villes elles-mêmes en tant que personnages principaux de ce recueil, pour y trouver son compte ; chacune des cités a en effet son essence, son caractère propre : Paris la fataliste, Rome la décadente, New York l'orgueilleuse...

Ce recueil ne porte pas vraiment la "marque" de l'auteure et pourrait décevoir ses fans qui attendraient une oeuvre avec une trame plus complexe, mais il est intéressant et procure une lecture agréable.