La chanson du jardinier
		Swaminathan, Kalpana Edition : Points, Collection : Policier 2009, 319 pages ISBN : 978-2-7578-0586-2 7,50 €

Ah, Mr Rao ! Tout un poème... Dans l'immeuble de Vile Parle situé dans une banlieue de Bombay, ce banquier aigri et sournois s'en est fait des ennemis. Comme le dit si bien la narratrice : "C'était le talent particulier de Mr Rao : il faisait sortir le pire de la nature humaine et cela le faisait jubiler". Se mêler de tout et déterrer les secrets les mieux gardés de chacun n'est pas du goût de tout le monde visiblement car il a été retrouvé mort dans l'ascenseur. Tout le monde se connaît dans la partie A du bâtiment et les habitants s'interrogent : qui a bien pu en arriver à une telle extrémité. Miss Lalli, la tante de la narratrice, mène l'enquête. Elles partagent le même appartement où les autres habitants de l'immeuble aiment venir se confier. Discrètement, Miss Lalli observe et met bout à bout les pièces du puzzle...

Qui a commis le crime ? La réponse se fait attendre sur fond de commérages et de faits divers parfois dénués d'intérêts. Mais qui est qui ? On s'y perd tant le nombre des personnages est important, plus d'une dizaine. Le foisonnement des langues, des cultures et des religions qui est enrichissant à la base rajoute à la complexité de l'ensemble. Kalpana Swaminathan nous dépeint un Bombay du monde moderne où les traditions se débattent pour se maintenir. Une chanson La chanson du Jardinier de Lewis Carroll est évoquée à plusieurs reprises dans le roman mais on a du mal à voir le lien avec l'enquête : ça paraît un peu tiré par les cheveux...

La narratrice fait, de temps en temps, preuve d'humour dans la façon dont elle présente certains personnages ce qui donne un peu de piquant au roman. Elle dépeint sa tante comme quelqu'un de discret mais qui a un don d'observation très aiguisé et qui pose les questions fort à propos. Elle me fait penser à une certaine Miss Marple d'Agatha Christie qui a les mêmes traits de caractère. La chute de l'histoire me fait plutôt penser à un autre personnage de cet auteur : le célèbre Hercule Poirot. Mais la fin où Miss Lalli expose comment elle a compris qui était le meurtrier est longue surtout que le nom du criminel est divulgué avant : du coup, on a hâte d'être à la fin. Dommage... Mais, pour le coup, je ne baptiserais pas Kalpana Swaminathan d'Agatha Christie indienne. Pas, en tous les cas, pour La chanson du jardinier.