Accros du Roc (Les Annales du Disque-Monde - Tome 16)
		Pratchett, Terry Edition : L'Atalante ISBN : 2-84172-143-4 107 FF

Pas facile de reprendre l'affaire familiale quand on est la petite fille de la Mort. Encore moins quand celui-ci (si, vous le saviez, ne niez pas, la Mort est masculin) s'absente sans laisser d'adresse ni de guide de l'apprenti convoyeur des âmes sous prétexte de crise existentielle, et que l'on est soit même férue de logique et persuadée que toutes ces histoires de personnification anthropomorphique et de fées des dents sont bonnes pour les malentendants. Mais Suzanne, la petite fille de la Mort, va devoir affronter un danger bien plus grand que les tracas habituels de la profession.

Car une chose d'entre les mondes s'est introduite sur le Disque, et se répand à travers les doigts du jeune Kreskenn, barde de Ker-Gselzehc parti chercher la gloire dans la sulfureuse Ankh-Morporkh, et de ses compagnons, Lias Trapp le troll et Nore Noresson le nain. Ca s'appelle la Musique de Roc, et c'est bien plus que de la musiquec'est vivant, ensorcelant, et incontrôlable !

Avec en Guest Star : Planteur J'Me-tranche-la-Gorge, l'homme d'affaires le plus virulent d'Ankh-Morporkh (avec lui, la peste a jeté le chiffon) ; Mustrum Ridculle et ses joyeux Mages ; Martial Dadais, facteur de guitares et son assistant Gibsson; et bien sûr, le Bibliothécaire, tous venus taper le buf, qui pourtant n'a rien à voir dans l'histoire ! Sans oublier le groupe Insanité, non, Kyste, non, Au malheur des Hommes, non, I2 enfin, un groupesencomplément.

Ce nouvel opus sonne pour ce qu'il est, une suite. Si la fugue existentialiste de la Mort est en accord majeurs avec le Faucheur, la ligne est un peu répétitive, et manque de variations. Malgré tout, on retrouve le tempo propre à Pratchett, et si brillamment arrangé par Patrick Couton. Le rythme swingue, les références fusent en churs, et on retrouve avec bonheur les compositions qui ont fait le succès des précédents volumes : du rock électrique de Planteur au jazz débonnaire du bibliothécaire, en passant par la guingette de Ridculle et le menuet métrique du Patricien, l'auteur nous offre une symphonie légère et colorée, dans la pure tradition pratchettienne.

Ce livret se prête plus aux afficionados du genre qu'aux dilettantes, peut-être parce que pour apprécier pleinement les envolées lyriques dans leurs détails, il faut d'abord connaître la trame de fond. Mais je ne peux que recommander la lecture de ce livre, tout autant que celle de l'ensemble des Annales, car elle constitue la preuve que le genre n'est pas mort depuis Tolkien, et que l'humour brittanique n'est pas fait que de Benny Hill. Pour finir, sachez que ce livre peut susciter une furieuse " sympathy for the devil " si l'on n'a pas le " feelings " et que l'on ne chante pas " le bourdon du mage a un nud au bout " cinq fois d'affilée dans sa baignoire avant de le lire I feel good...