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Le diapason des mots et des misères |
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Noirez, Jérôme Edition : Griffe d'Encre, Collection : Recueil
2009, 229 pages
ISBN : 978-2-917718-09-4
16 € |
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Au royaume de la noirceur, j'invoque Jérome Noirez. À l'exemple de ce qu'il avait écrit dans sa trilogie Féérie pour les ténèbres éditée chez Nestiveqnen, le contenu des nouvelles de ce recueil est plein de souffre. Ne vous attendez donc pas à y lire des histoires d'oiseaux qui gazouillent dans la prairie, sauf si vous les voyez mazoutés et condamnés à une lente agonie, car c'est bien de ceci qu'il est question. Imaginez le tableau : le voyage commence au Magreb, dans une cité sept fois détruite, sept fois reconstruite, Zalzalah. Pour des raisons bien diverses ma foi. Un père y amène son fils, qui aurait du y naître. Mais ce fils a un secret bien particulier qui va se révéler dans cette ville au parfum du désert. Une autre escale nous emmène vers une Prague étrange où les fous sont exilés dans l'autre rive du fleuve, et émasculés. Une jeune femme pourtant désirera retrouver son fiancé emmené par erreur. Ailleurs encore, le Japon livre trois facettes futuristes de son histoire, entre un joueur de kesu, un fou de vitesse à la Fast & Furious, et celle qui obéit au code de l'honneur et s'apprête à mourir comme tel. Autre lieu, autre ambiance, le train qui traverse le Bayou va être le lieu d'une enquête policière bien sanglante. Une Italie future est le témoin d'un affrontement entre partisans de la modernité apportée par une race extraterrestre, et ceux qui préfèrent être des passéistes. Jérome Noirez ne s'arrête pourtant pas au seul voyage, mais poursuit ses récits par d'autres où il décrira l'effet d'un viel appareil de projection cinématographique, le Bolex, sur les habitants d'un quartier envahis par les chats. Un hôpital, et plus particulièrement le pavillon des enfants gravement malades, se trouve être la cible des aïeuls des patients, sans que ceux-ci ne se montrent le moins du monde ni aidés, ni crus. Dans la série enquêtes policières morbides, il y a aussi ce professeur de solfège qui est arrêté par la police pour avoir abusé d'une de ses élèves à domicile et ce régulièrement. La différence vient que le monde est peuplé de morts embaumés, et ça pue le formol à toutes les pages. À la fin du volume, trois nouvelles sont placées sous la catégorie Contes pour enfants morts-nés. Et autant le dire, ils sont particulièrement bien réalisés pour leur côté immonde, et ce presque comme si de rien n'était. Entre le fils qui est aux enfers pour avoir voulu soulager leur mère des cris du bébé (tiens, ça me rappelle une autre nouvelle lue dans une anthologie ça), et celui où la petite Dolorès ne se sent pas plus dérangée que cela par les jours de belote des amis de papa, tout dépend de ce qu'ils buvaient... bref il faut quand même avoir le coeur bien accroché. Étrangement je dirais, l'une des nouvelles est plus un conte fantastique qu'autre chose, Maison-monstre. Elle étonne par sa disparité avec les autres récits, autant par son ton que par sa conclusion. Je n'avais pas été emballé du tout par l'Apocalypse selon Huxley (reprise dans ce présent recueil, mais publié initialement dans Ouvre-toi !, toujours chez Griffe d'Encre). Plus par L'abattoir aux marmots, qui n'aurait pas forcément été hors-sujet ici. Me suis-je fait à son style ? En effet, une fois les habitudes de lire au troisième ou quatrième degré, le style fourni et soigné de Noirez reste dans les neurones. Peut-être pas la citation relevée dans la postface de Catherine Dufour (elle-même connue pour ses visions assez borderline de l'imaginaire), mais plutôt celles qui démontrent une excellente documentation de l'auteur, ainsi que son érudition sur de nombreux sujets tels la musique (qu'il pratique) et le Japon - et ce n'est qu'un exemple. Mention spéciale pour la partition - nouvelle Berceuse pour Myriam, qui fait suite à Nos aïeuls. Il fallait oser ! Rien que pour cela, on doit aimer Le diapason des mots et des misères.
Ecrite par , le 03 Août 2009 à 09:08 dans la rubrique .
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