L'empreinte du mal (Tome 1)
		Kanno, Aya Edition : Delcourt, Collection : Sakura 2009, 180 pages ISBN : 978-2-7560-1545-3 5,95 €

Un homme entre dans une roulotte où travaille une voyante qui se vante, est-ce si étonnant ?, d'être la meilleure du pays. Mais l'homme n'est pas venu pour ça, mais juste pour raconter son histoire. Russo, tel est son nom. Il est chasseur de prime, et il a traqué la proie qu'il convoitait depuis si longtemps. Le plus grand criminel actuel, celui qu'il aimerait pouvoir humilier. Son nom est... Zen.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le héros de ce manga n'est pas Russo, loin de là, mais bel et bien Zen, le criminel. Et comme l'auteur est Aya Kanno, aussi auteur de l'excellentissime Otomen, on sait que le scénario sera intéressant. Et bien on n'a pas tort, loin de là. Kanno est arrivée à faire un manga pour fille, un shôjo, en y insérant une ambiance noire, avec des meurtres faciles, tout en développant les sentiments des personnages (et là je ne parle pas que d'amour à l'eau de rose, comme il est souvent question dans ces genres de manga).

Ici, Zen tue parce qu'il le sent ainsi. Les autres personnages ont du mal à le cerner, et on a du mal à le faire nous même. Mais le scénario ne s'arrête pas là. En effet, l'histoire se passe sur fond de guerre civile froide. Un pays, le Galley, a conquis un autre pays et l'a réduit au silence. Ainsi l'Amata et son peuple sont dirigés d'une main de fer par la militaire Galley, qui en profite pour les persécuter et bien leur faire sentir leur infériorité. Aussi Aya Kanno en profite-t-elle pour dénoncer le racisme sous-jacent des personnes qui semblent différentes (ici on remarque bien que le peuple d'Amata a la peau foncée...).

Donc ce manga est noir, captivant, même si le côté shôjo - en particulier dans le découpage des pages - peut parfois surprendre, et nous éloigner du seinen formidable qu'il aurait pu être. Néanmoins vu la courte taille de la série, deux volumes à peine, je vous conseille de vous jeter dedans.