Le Jeu des coquilles de Nautilus
		Vonarburg, Elisabeth Edition : Alire 2003, 305 pages ISBN : 9-782922-145779 10,20 €

Pour chaque Talitha, son Egon. Ils peuvent se connaitre, s'attendre au-delà des mondes, ou ignorer tout l'un de l'autre. Mais chaque voyageuse, à moins que ce ne soit à chaque fois la même, avec un autre visage, d'autres souvenirs, ou un prénom différent, n'est rien sans son alter ego, cet autre, cet homme, qui lui, n'est jamais parti, ne partira jamais, et guette son arrivée ou son retour.

Mais comment savoir si celle-ci, cette Talitha qui vient d'arriver, est sa talitha se demande-t-il ? Comment en être sûr, quand existe peut-être une infinité de Talitha au visage identique et aux mêmes souvenirs. Les Egon et les Talitha vivent ainsi l'enfer des couples maudits, destinés à se manquer sans cesse dans le reflet de l'autre.

L'univers d'Elisabeth Vonarburg est une curiosité en soi. Tout au long d'une série de nouvelles, Le jeu des coquilles de Nautilus vous emmènent en compagnie des voyageuses sur des Terre improbables. Série de mondes parrallèles, tantôt radicalement différents les uns des autres, et tantôt si semblables qu'il devient imposssible de les différencier, c'est une terre propice à l'égarement de l'esprit. Ses héroïnes y sont balottées, de Ponts en Ponts, dans une spirale vertigineuse jusqu'à la perte totale de repères.

Mais Vonarburg n'est pas un Dick, et si ses intrigues mettent à mal des personnages morcellés, incapables de savoir si cet univers-ci est son univers ou une variante proche, douce poésie et nonchalant spleen sont préférés aux thèmes de la paranöïa et de l'angoisse. cette singularité, typique d'une écriture résolument féminine, a su me ravir et m'enchanter.

Une des romancières francophones les plus brillantes de sa génération.