La pierre et la flûte (Tome 2)
		Bemmann, Hans Edition : L'Atalante, Collection : L'Atalante jeunesse 2009, 375 pages ISBN : 9782841724574 18 €

La mission de Tout-Ouïe auprès de Barlo a pris fin, aussi décide t-il de retourner pour un temps dans la maison de ses grands-parents. Chemin faisant il se prend à réfléchir à quel sera son avenir désormais. En effet, si le fait d'être le valet de Barlo ne lui convenait pas particulièrement au moins ce statut lui procurait un but. Aujourd'hui il se trouve un brin démuni, face aux multiples choix qu'il lui faut à tout prix effectuer afin de progresser vers l'âge adulte. Il a déjà opté pour mener à bien une action qui le servira personnellement bien qu'il ne sache pas encore quelle forme cette décision prendra. La question qui demeure en suspens est de savoir si ce choix sera salvateur ou condamnable.

On continue de suivre Tout-Ouïe, fils du Grand-Hurleur et héritier du Doux Flûtiste dans sa quête de lui-même. Á présent, il semble quelque peu arrogant et sûr de son fait, adoptant ainsi le comportement de quelqu'un pensant avoir accompli de grandes choses et  s'en enorgueillissant. Le fait de renouer avec son indépendance le laisse croire qu'il a atteint une forme de maturité, ce qui l'emplit de certitude. Il n'écoute que très peu les précieux conseils des guides spirituels qui jalonnent son existence ou ne les comprend pas correctement. Il pense également que la reconnaissance d'autrui, et notamment la reconnaissance féminine, est un but en soi. Selon lui, la quête des honneurs, l'inspiration du respect et le statut d'individu auréolé de gloire grâce à ses prouesses représente un futur satisfaisant. Après s'être retrouvé prisonnier des yeux bleus de Gisa, le voilà esclave des yeux verts de Narsia la Fille-Faucon comme il la surnomme.

Ce volume ressemble comme deux gouttes d'eau au premier au niveau de la construction sauf que cette fois, on a vraiment l'impression que les descriptions et les récits oniriques sont omniprésents et prépondérants. Le souci réside, pour l'essentiel, dans le fait que les passages narratifs ne se différencient pas concrètement les uns des autres, ce qui a tendance à alourdir la lecture, à la rendre un tantinet soporifique. Pour ce qui concerne les rêves, ils sont censés apporter des éléments de réflexion à Tout-Ouïe, le préparer à l'avenir qui l'attend ; pourtant, là encore, leur signification lui échappe. Il se trompe de voie et se laisse guider par le chant des sirènes plutôt que par les sages indications procurées par les gens qui prennent ses intérêts à coeur. Il essaie de se construire une personnalité, de se forger un caractère en effectuant ses propres choix ; cependant au final il se révèle seulement aveugle et sourd à la réalité, qui se chargera de se rappeler à son bon souvenir de manière brutale.

On apprécie toujours cette ambiance de conte "moral", cette impression d'être face à un récit folklorique issu d'un certain patrimoine populaire, néanmoins il faut avouer que ce volume tient moins en haleine que le précédent. Cette remarque n'est pas valable pour la fin puisque ce roman se termine de manière surprenante et quelque peu tragique. Il règne également une atmosphère plus sombre que dans le premier tome et cela constitue en soi une réussite car cette tension dramatique apporte une sorte de profondeur au récit.