Le guerrier prophète (Le prince du Néant - Tome 2)
		Bakker, R. Scott Edition : Fleuve Noir, Collection : Rendez-vous ailleurs fantasy 2009, 681 pages ISBN : 97822265082205 22 €

Cette fois, la Guerre sainte est en marche avec comme but, atteindre et faire tomber Shimeh ainsi que les Fanims. Achamian, évidemment, se trouve dans les rangs au côté de Anasûrimbor Kellhus, ce prince d'Atrithau pour le moins énigmatique et doté de pouvoirs exceptionnels, dont celui de persuasion n'est pas le moindre. Le sorcier-espion ne cesse de se poser des questions et notamment sur la conduite à tenir vis-à-vis de son scolasticat qu'il est en train de trahir en ne mentionnant pas ses soupçons. En effet, le retour d'un Anasûrimbor n'a rien d'innocent puisqu'il s'agit d'un signe annonciateur de la seconde Apocalypse. Le dénoncer, néanmoins équivaudrait à le condamner à la torture et à la mort. C'est dans ces conditions plutôt complexes à gérer qu'il accepte de prendre Kellhus comme disciple et qu'il a le bonheur de retrouver son grand amour : la prostituée Esmenet.

Le Guerrier Prophète est le, très attendu, deuxième tome de la saga du Prince du Néant entamée avec Autrefois les Ténèbres. On ne saurait dire depuis combien de temps on attendait cet événement mais étant comme soeur Anne et ne voyant rien venir, on avait fini par enterrer l'idée même de la publication d'une suite. Cette série extrêmement dense narre les aventures de Drusas Achamian, sorcier-espion appartenant au scolasticat du Mandat et détenteur du secret de la Gnose. Ce pouvoir est très convoité malgré le fait que le Mandat soit considéré comme un groupement mineur, tourné en ridicule à l'instar d'une vieille folle radotant sur un passé que personne ne s'attend à voir resurgir. Il est accompagné dans ses aventures d'une multitude de personnages dont les plus présents sont Esmenet, sa compagne avec qui il entretient des rapports conflictuels du fait de la profession de cette dernière ; Kellhus, une personne surprenante et secrète dont on a du mal à cerner les buts bien que ses intentions n'aillent pas dans le sens défini par la Guerre Sainte et enfin Cnaiür urs Skiötha, un guerrier scylvendi très rugueux, violent qui va prendre de l'importance au sein de la guerre ce qui n'est pas du goût de tous les participants.

Cette épopée très riche en détails et qui laisse la part belle à l'introspection n'est pas vraiment facile à aborder, ni à suivre du fait des nombreux clans en présence. Heureusement, un petit lexique salvateur a été ajouté en fin de livre. Par certains côtés, et surtout dans les appellations de lieux, cette histoire remet en mémoire celles de Tolkien car il y a des similitudes bien trop évidentes pour être de simples coïncidences. En-dehors du temps d'attente entre les deux tomes, cette histoire possède de nombreuses qualités propres à interpeler le lecteur : mystère et suspens, magie, violence, profondeur des propos et des hommes. La densité et le désir de précision jusque dans les réflexions les plus intimes des personnages en font  néanmoins une oeuvre qui parfois manque d'allant, de dynamisme. Chaque personnage central est fouillé, disséqué, des chapitres complets peuvent être consacrés à un seul héros en train de remâcher ses pensées. Cela s'avère parfois long à la lecture, surtout qu'il arrive que le flot de réflexions soit assez inextricable. Reste le prince Kellhus qui constitue à lui seul la plus grande énigme de ce roman car, au fond, la seule réponse manquante dans cette oeuvre est : qui est-il réellement? En conclusion, ce n'est pas une perte de temps que de plonger dans cette série même si cela ressemble parfois à une traversée du désert à cause de l'aridité. La rudesse et la sauvagerie sont parfois rendues par un langage extrêmement cru et certaines situations recommandent de ne pas mettre ce livre entre toutes les mains.