Mémoire coupable
		Perry, Anne Edition : 10/18 2009, 448 pages ISBN : 978-2-264-04788-5 8,60 €

Piégés. Tous les hommes qui utilisent les services sulfureux de Jericho Phillips pour assouvir leurs désirs sexuels illicites ; Monk dans sa vénération pour l'inspecteur Durban, le prédécesseur qui lui a sauvé la vie ; Sir Oliver Rathbone par son rôle d'avocat qui doit tout tenter pour sauver de la corde le client qu'il n'a pas pu refuser de défendre, à cause de ses principes, de l'amour qu'il porte à son épouse et qui lui interdit de dire, et même de penser, du mal de son père, Mr Ballinger.
Mais il arrive que l'excès de contrainte se renverse, et donne le courage de tout faire pour s'en affranchir.

Ce roman est criant de vérité, notamment dans la cohérence tant des personnages, dans leur complexité qui leur fait traverser des affres finement décrites, que dans celle du monde où ils vivent, ce Londres victorien rythmé par la marée. En effet, surtout à cette époque de gloire pour l'empire britannique, la mer est omniprésente dans la capitale, par l'intermédiaire du fleuve, qui a même sa propre police, dont l'autonomie gêne beaucoup de gens.
Les détails historiques sont soigneusement mis en place, et c'est tout un monde que nous donne à voir et à sentir Anne Perry, pour notre plus grand plaisir.

Pour ceux qui ne raffoleraient pas a priori des polars "historiques", il faut préciser que les thèmes qui y sont abordés sont toujours actuels, qu'il s'agisse de la confiance dans le couple, où l'amour et le désir de protection qui va souvent avec peuvent être en conflit ; ou du conflit qui peut exister entre la justice et le droit, qui peut être perçu à la fois comme générateur d'injustices et vecteur de danger quand un meurtrier avéré se trouve libre, et comme protecteur de la démocratie, avec l'accent mis sur la nécessité des preuves ; ou bien sûr, malheureusement, de l'exploitation sexuelle des enfants.

Nul doute que cet excellent roman ne peut qu'augmenter le nombre des fans de l'auteur, et donner le goût d'en lire d'autres à ceux pour qui ce serait le premier.