Rémission
		Swolfs, Cossu & Paitreau Edition : Soleil 2008, 52 pages ISBN : 978-2-302-00009-4 12,90 €

Nous sommes aux Etats-Unis, bien loin des fastes des grandes villes. Non : ici, dans le Nord de la Californie, on est plutôt dans l'Amérique profonde, avec ses montagnes et ses grands espaces. L'endroit rêvé pour échapper un peu aux fastes de Los Angeles. L'endroit parfait où posséder un chalet en pleine nature pour venir se ressourcer. C'est le cas d'Angie, une jeune femme de la ville, qui est venue passer de nombreuses vacances dans ce chalet. Elle y vient afin d'y retrouver son père, un homme qui a souvent été absent quand elle était petite, et abandonnée à sa mère, une femme à qui la maternité n'a jamais convenu.

Mais un grand malheur arrive : le père d'Angie a un accident mortel en rejoignant sa fille, et meurt sur le coup. Bien sûr, Angie n'en sait encore rien, elle qui arrive à son chalet, avec ce réseau téléphonique inopérant. Les vieux démons ne tardent d'ailleurs pas à revenir à la surface, au fur et à mesure qu''elle visite ce chalet et qu'elle y découvre les nombreux souvenirs amassés là depuis si longtemps.

Puis le miracle intervient : le père d'Angie arrive. Tous deux, le père et la fille partent en randonnée, sur le territoire d'un vieil ours blessé et donc terriblement dangereux. Ce n'est qu'en croisant une bande de chasseurs malintentionnés qu'Angie remarque enfin 'lincroyable : elle est bel et bien seule dans ces montagnes, sans son père. Les chasseurs seront rapidement semés, ainsi que l'ours, certes, mais peut-on en dire autant de tous ces souvenirs, de tous ces salauds qu'elle a connus dans sa vie ? A moins que ces idées féministes ne lui viennent de sa mère ? Et n'a-t-elle pas autre chose de beaucoup plus sournois à vaincre ?

Rémission est un one-shot scénarisé par Yves Swolfs (le scénariste de Légende, et de Le prince de la nuit). Exit les histoires de vampires ou les batailles historiques : c'est une histoire beaucoup plus personnelle et intimiste qui nous est livrée ici, à la limite même de la tranche de vie. Le scénario est donc parfaitement maîtrisé, ce qui ne représente finalement pas une grande surprise tant on connaît les qualités de Swolfs (il suffit de lire les deux séries citées plus haut pour en être convaincu).

La véritable claque de cet album viendrait plutôt du côté graphique. Cest Brice Cossu qui s'y est collé avec une belle audace, il faut bien le dire. Les expressions sont superbes, les scènes admirablement mises en mouvement (comme ce démon des eaux sur le point de noyer la pauvre Angie) et en couleurs (saluons là le travail de Stéphane Paitreau). Angie a toujours cet air triste, fatigué qui colle on ne peut mieux au scénario. Cela dénotera complètement avec les dernières planches (mais là, je ne veux quand même pas trop en dévoiler). Ce premier album du dessinateur niçois a d'ailleurs été remarqué par l'éditeur, car c'est à lui qu'aura été confié plus tard le second psaume de Paradis perdu, chroniqué sur ce site.

Un très beau one-shot qui aura eu le mérite de révéler un grand talent : l'avenir nous dira ce qu'il en adviendra.