Avaleur de mondes
		Williams, Walter Jon Edition : L'Atalante 2009, 417 pages ISBN : 978-2-84172-460-4 18 €

On ne peut ni tout prévoir, ni tout contrôler, car entre nos voeux, ou nos ordres, l'univers se débrouille pour créer ce qu'un architecte appellerait des trompes, et qu'Aristide nomme des espaces implicites. C'est pour en étudier un qu'il traverse Midgarth, vêtu et équipé en bretteur... plus high-tech qu'il n'y semble, avec Tecmessa, son épée téléportatrice, et Bitsy, avatar en forme de chatte noire et blanche d'une puissante IA.

Or, dans cet univers de poche où la fantasy a multiplié à plaisir trolls et orques, les prêtres du dieu Vengeur sont équipés d'armes ayant le même principe d'action que l'épée Tecmessa, ce qui alerte Aristide et le pousse à regagner au plus vite la civilisation.

Walter Jon Williams s'y entend, pour brouiller à loisir les codes de la SF et de la fantasy, pour le plus grand plaisir des lecteurs. Outre la distraction que procure cette histoire tissée d'action - on peut parfois penser à Scalzi, parfois à Steven Erikson - et de mondes exotiques à la Vance, les thèmes de fond qui la sous-tendent sont bien intéressants, qu'il s'agisse de la manie du contrôle, et du fantasme de la sécurité totale, son corollaire, de la recherche jusqu'à l'absurde du sens de la vie, et des différentes réponses qui y sont apportées, et des conséquences d'une guerre, fût-elle courte, sur la vie civile.

Bien écrit, avec une évidente tendresse pour ses personnages, ce roman se lit vite et avec beaucoup d'agrément.