Au temps de l'amour
		Ebine, Yamaji Edition : Asuka, Collection : Ladies 2009, 328 pages ISBN : 978-2-84965-226-1 7,95 €

Il est étrange ce garçon que croise assez souvent Shiori, que ce soit à la fac de son ami, dans la galerie d'art ou simplement au café. Et son côté mystérieux est assez attirant ma foi. Toda lui a raconté que Kageyama n'a pourtant pas toujours été comme ça, c'est depuis la mort d'un de ses amis... enfin son compagnon. Son corps a été retrouvé mort, les oreilles coupées. Shiori a trouvé une photo des deux amis... mais elle n'ose pas trop la rendre à Kageyama. Alors elle traîne au bord de la rivière, laissant son esprit vagabonder. Ce jour là, elle aurait mieux fait de s'abstenir.

En effet, ce jour là, un autre promeneur était présent, masqué. Et ses intentions ne sont pas des plus honorables. Pétrifiée, Shiori se laisse faire. Que pouvait-elle faire d'autre ? C'est Kageyama qui la découvre peu après, mais l'agresseur avait déjà fui...

"C'est le temps de l'amour, le temps des copains, et de l'aventure". Non, il ne s'agit pas ici d'un remix de la chanson de Françoise Hardy, bien au contraire. Enfin on aurait pu le croire avec le simple premier chapitre, mais après, c'est le drame. Comment revenir après de telles blessures morales ? Au temps de l'amour, c'est plutôt la haine de soi-même qui est tenace. Les personnages vont donc évoluer tout au long de ces 328 pages, ce qui peut parfois paraître long, et à d'autres moment aller assez vite. Il faut dire aussi que le dessin est plutôt épuré, comme pour mettre beaucoup de blanc dans les noirceurs de l'âme. Etrangement, ce minimalisme ne m'a pas trop gêné dans le contexte de ce one-shot. Il ne m'a pas non plus dégouté comme on pourrait l'être avec des sujets pareils. C'est un album qui malgré son côté parfois cru reste pudique, à l'habitude japonaise d'ailleurs.

Dans ce manga de la collection Ladies, Yamaji Ebine ne présente donc une définition de ce qu'est l'amour moderne, à travers ses déboires. Le résultat est plutôt intéressant et mérite un coup d'oeil, même quand on n'est pas une lady.

"Quand le temps va et vient, on ne pense à rien, malgré ses blessures"