Quand souffle le vent
		Bonin & Galandon Edition : Dargaud, Collection : Long Courrier 2009, 54 pages ISBN : 978-2-505-00601-5 14,50 €

Nous sommes dans un coron du Nord, au temps de l'exploitation minière. Les hommes sont certes rudes et travailleurs, mais aussi râleurs depuis quelques temps car la consolidation des galeries tarde à arriver, et les risques que tout cela s'écroule sont de plus en plus grands. Alors les rumeurs de grève sont grandissantes, et ne sont pas entendues d'une bonne oreille par les ingénieurs et le directeur de l'exploitation, un homme qui ne pense qu'aux profits à court terme...

C'est dans ce contexte tendu que des tsiganes demandent le repos dans cette bourgade, à quelques jours du début de l'hiver. Autant dire qu'ils vont rester toute la mauvaise saison, et que cela n'est pas du tout du goût de la population. Il faut dire que d'après les anciens, de terribles histoires ont déjà eu lieu ici avec les tsiganes, et seul Antoine est heureux d'accueillir du monde, histoire de diversifier un peu les conversations, et de voyager, lui qui ne rêve que de changement et d'évasion.

Antoine rencontre ainsi rapidement Kheshalya, une belle tsigane n'ayant rien à envier à l'Esmeralda de Victor Hugo... Rapidement, et contre l'avis de la petite amie étroite d'esprit d'Antoine, les liens se tissent, et les langues se délient, surtout depuis que le directeur de l'exploitation fait pression sur les tsiganes pour qu'ils descendent dans la mine à la place des mineurs en cas de grève. La colère gronde chez les gueules noires, et les fantômes commencent à remonter en surface, des fantômes à qui le repos éternel n'a pas encore été octroyé...

C'est avec un gage de qualité certain que l'on ouvre une bande dessinée issue de la collection Long Courrier de chez Dargaud (un peu comme Signé chez Le Lombard, ou Aire Libre chez Dupuis). Surtout ici lorsqu'on apprend que l'histoire se passe dans le Nord, et qu'on est originaire de là... Attention, on est beaucoup plus proche ici de Germinal que de Bienvenue chez les chtis. Fans de Hein, vous pourrez ainsi aisément passer votre chemin, et c'est tant mieux d'ailleurs...

Non, ici, place au récit, et à une histoire teintée de la misère des gens, et d'un brin de surnaturel propre à la confrérie gitane. Il est ainsi un peu triste de voir que finalement peu de gens sont capables d'outrepasser les différences pour aller à la rencontre de l'autre : c'est ce qui est dépeint avec brio ici par Laurent Galandon, qui réussit même le tour de force de paralléliser l'histoire actuelle avec une histoire similaire ayant eu lieu une génération plus tôt.

Pas de fioriture donc dans ce one-shot, où chaque page, chaque expression, chaque détail compte. Cela coule pourtant de source, et les auteurs ont pondu là une histoire réellement bien ficelée et tout à fait digne d'un intérêt certain : de quoi faire honneur à cette collection donc, en l'enrichissant d'une nouvelle pépite. Ainsi, le dessin parfois froid de Cyril Bonin sied parfaitement à ce scénario également : une ligne également bien agréable sur le plan graphique.