Roma aeterna
		Silverberg, Robert Edition : Le Livre de Poche 2009, 544 pages ISBN : 978-2-253-08988-9 6,95 €

Le monde où se déroule ce roman n'est pas le nôtre : l'exode des Juifs hors d'Egypte a échoué, le Christ n'est jamais né, la prédication de Mahomet a tourné court, et la domination romaine n'a jamais faibli, quitte à ce que l'Empire d'Orient prenne le pas par les armes sur l'Empire d'Occident, pour un temps limité d'ailleurs.

Dans ce monde hégémonique, les seules guerres ne peuvent être qu'intestines, et ne manquent d'ailleurs pas.

Les différentes parties qui constituent ce roman décrivent "en pointillés" l'histoire de cet "empire éternel" que les dieux ont octroyé à Rome, ce qui permet de passer d'un tableau à l'autre, d'un temps à l'autre, sans se lasser. L'inconvénient, bien sûr, est que l'on ne connaîtra pas forcément le destin d'un personnage auquel on s'est attaché.

L'idée de départ de cette uchronie est très intéressante. Il est d'autant plus dommage que l'auteur ne l'exploite pas davantage, créant à partir de là un monde vraiment différent : cette histoire d'un "empire mondial" est exclusivement centrée sur l'Europe, même si un épisode se déroule en Amérique. On ne saura rien de l'histoire d'aucun des quatre autres continents, ni des relations qu'ils entretiennent entre eux. On peut certes penser que l'auteur l'a voulu pour accentuer son propos, mais ce n'est pas explicite.

Par ailleurs, si au fil des histoires on voit l'énergie animale peu à peu concurrencée par d'autres, l'histoire de l'industrie n'est jamais abordée.

Enfin, les empereurs restent identiques à ceux que l'on connaît, dans leur sagesse et leur bon gouvernement, comme dans leurs excès de luxe. L'idée de cet empire totalement immobile pendant plus de 2000 ans n'est pas vraiment crédible.

Un autre défaut, mineur celui-ci, est l'utilisation de termes faisant appel à une notion qui appartient à notre histoire : l'allusion au Moyen Age ne s'explique pas du tout dans le contexte du roman.

Tel qu'il est, ce roman est tout à fait lisible en tant qu'aventures distrayantes, sans en attendre davantage.