Epitaphe
		Siegel, James Edition : Pocket 2009, 320 pages ISBN : 978-2-266-15184-9 6,40 €

Jean est mort. Jean Goldblum, le troisième de l'agence Trois-Yeux, et même si William n'a jamais eu vraiment de raison de l'aimer, il va à son enterrement. A plus de soixante dix ans, c'est une question de solidarité. Comme de récupérer les affaires de Jean. Comme de s'intéresser à "la plus grosse affaire de sa vie", qu'il avait en train, semble-t-il, avant de mourir. Et William met obstinément ses pas dans ceux de Jean. Ce qui peut ne pas aller sans danger. Après tout, Jean est mort, n'est-ce pas ?

Cette histoire sombre, étrange, au détective atypique ne manque pas d'originalité. Le rythme en est lent, et les personnages, fragiles pour la plupart, complexes, aux franges de la folie et de la mort. La plus grande originalité du livre tient justement à ces personnages, tous vieux, et dont l'auteur démontre magistralement qu'ils n'ont pas changé. Au plus deviendront-ils leur propre caricature, mais un salaud vieilli reste un salaud, tout au plus, comme Jean, aura-t-il un peu moins de ressort. Une autre caractéristique singulière tient à Jean, ce rescapé très particulier de Mauthausen, grâce à quoi l'auteur s'attaque au tabou implicite concernant les rescapés des camps de concentration.

En somme un excellent roman, pas toujours facile à lire, avec son atmosphère pesante et ses maisons de retraite, mais qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Et le fait réfléchir encore plus longtemps.