La Forteresse des Oracles (Les Survivants de Troie - Tome 2)
		Honaker, Michel Edition : Flammarion 2008, 365 pages ISBN : 978-2-0812-1098-1 13 €

Enée et ses compagnons sont parvenus à fuir Troie en proie aux flammes, vaincue par l'ingéniosité grecque et la volonté de la déesse Héra. Á bord de leur navire, les conditions de vie sont exécrables et tout le monde en souffre, notamment les femmes qui ne parviennent pas à trouver une intimité nécessaire au sein de ce groupe masculin. C'est également le cas d'Anchise, le père d'Enée, dont l'âge et la santé ne sont pas les meilleurs atouts. Ils errent en mer inconnue, de manière lente et précautionneuse à cause des obstacles gelés qu'offre cette étendue en prise avec un froid polaire. Ils n'ont aucune idée de la direction à suivre, ni de l'endroit où ils peuvent bien se trouver. Aussi, lorsqu'ils se rendent compte qu'ils sont poursuivis par un vaisseau cinglant à vive allure, qui ne tardera pas à les rattraper, la panique commence t-elle à monter à bord, d'autant plus que la circulation s'avère plus que délicate sur cette surface extrêmement dangereuse.

On retrouve avec plaisir Enée dans sa recherche d'Héspérie, le lieu promis par les oracles sur lequel il doit ériger la nouvelle Troie. Il a toujours la même attitude, celle du héros farouche et droit dans ses bottes qui a pleinement conscience qu'un destin hors du commun l'attend, bien qu'il lui arrive de s'égarer sur le chemin de sa quête, en se laissant prendre dans les filets de la prospérité et du désir matérialisés sous des traits féminins. On assiste avec intérêt à ses péripéties, aux intrigues aussi bien humaines que divines, la vindicte d'Héra n'ayant pas fléchi d'un pouce. Les luttes qui existent à tous les niveaux donnent un souffle particulièrement captivant au récit et elles contribuent à ménager le suspens car on ne sait jamais qui va sortir victorieux des combats, du moins si on ignore complètement l'histoire de ce héros troyen. Ce qui est prenant, c'est forcément l'aspect aventureux et guerrier qui prédomine dans ce genre littéraire. Toute la force de ce type de reprise réside principalement dans le fait de conserver les atouts, nombreux, des épopées tout en rendant l'écriture plus accessible, en la simplifiant et en la modernisant. Ce qui résulte de ce traitement c'est que le dynamisme de l'action est aussi rendu par le rythme plus soutenu de l'écriture, pour peu qu'un écrivain compétent soit aux commandes ; ce qui aboutit nécessairement à la préservation de l'aspect légendaire, magique tout en gagnant en fluidité, en confort de lecture plutôt que d'affronter certaines tournures antiques et caractéristiques des épopées. On redécouvre aussi le charme de la mythologie à travers sa déesse la plus capricieuse, Héra, pour ne pas la nommer, cette divinité qui incarne à merveille la jalousie et de la femme outragée, bafouée par son époux.

En conclusion on peut affirmer ne pas se trouver face à une révolution littéraire puisque le genre est très connu et l'histoire a déjà été exploitée ; cependant le plaisir de lecture ainsi que l'intérêt d'accompagner ces héros à travers leurs exploits demeurent intacts. Aussi, serait-il décevant de se priver de ce petit moment de détente et de contentement.