60 jours et après
		Robinson, Kim Stanley Edition : Presses de la Cité 2008, 572 pages ISBN : 978-2-258-07642-6 24 €

Phil Chase a été élu président des États-Unis et il est bien décidé à mettre en place une véritable politique environnementale destinée à faire changer les mentalités de ces concitoyens, d'autant plus que les premières actions, comme le salage par exemple, portent leurs fruits. Pendant ce temps, Frank poursuit sa vie chez les Khembalais et tâche toujours de trouver une solution pour venir en aide à Caroline, pour l'extirper de la situation épineuse dans laquelle elle se trouve tandis qu'une petite révolution se produit chez les Quibler car Charlie se voit contraint de laisser Joe à la crèche de la Maison-Blanche. Le chef de l'État argue de la nécessité de la présence de tous ses collaborateurs sur un même lieu de travail et Charlie ne peut que s'exécuter face à cette requête.

Ce roman est complètement politisé. Il met en avant le rôle de l'Amérique en montrant que la seule manière pour elle de maintenir son rang de grande puissance mondiale est d'être l'instigatrice d'un changement dans les mentalités. Ses représentants prônent des méthodes radicales pour combattre le réchauffement climatique et se battent pour les mettre en pratique tout en dénonçant, au passage, les habitudes de surconsommation énergétique ainsi que le libéralisme. Ce programme politique est incarné par son leader charismatique, Phil Chase, qui n'hésite pas à prendre des mesures impopulaires pour le bien de l'humanité. Ainsi, il force les autres continents à lui emboîter le pas. De plus, il renforce l'image de Washington en tant que capitale du pouvoir en réunissant toutes les autorités sur un même site, rendant ainsi à la Maison-Blanche son statut de centre décisionnaire. Les États-Unis renoue définitivement avec l'héroïsme à travers le traitement du problème chinois. Cette attitude n'est pas dénuée d'un certain triomphalisme, même modeste, ni d'un certain aspect " messie " car les Américains sont une fois de plus présentés comme les sauveurs de la planète, au nom de leur grande nation. L'élection de Barack Obama va t-elle transformer ce récit en roman visionnaire ?

L'aspect positif de tout cela est qu'il existe des propositions applicables au prix de quelques sacrifices afin de diminuer de manière significative les changements catastrophiques apportés par le réchauffement du climat. Même si ce sont les États-Unis qui sont mis en avant, l'auteur souligne de façon notable que l'effort doit provenir de tous bien qu'il faille un chef de file pour montrer la voie du salut. On peut également mettre en lumière le talent et les connaissances de Robinson car on se doute bien que les solutions proposées dans le roman ne sortent pas d'un chapeau de magicien et qu'il a du faire beaucoup de recherches pour cerner les expériences scientifiques même s'il paraît évident qu'il demeure dans la vulgarisation pour ne pas noyer le lecteur sous des explications trop techniques. Malgré tout, ce roman reste un peu mou du genou avec ses grandes phases contemplatives. Elles sont essentiellement visibles à travers les passages consacrés à l'escalade et ceux qui décrivent les promenades en kayak. Le bât blesse aussi en ce qui concerne les philosophies un peu envahissantes d'Emerson et de Thoreau mélangées à la vision idyllique d'une existence faisant cohabiter les humains et la nature dans une parfaite harmonie le tout saupoudré de bouddhisme. Cette façon de présenter les modes de vie alternatifs comme un moyen de retrouver l'Eden originel paraît hautement idéalisée et emprisonnée dans une bulle d'optimisme béat.

En bref, ce roman est un peu plan-plan et au fur et à mesure de la progression, on se désintéresse des personnages et de leur sort, on se désengage de l'aventure car le récit est beaucoup trop long en regard des faits qui y sont contés. Long au point d'en devenir ennuyeux, ce qui est dommage et regrettable.