Une proie mortelle
		Sandford, John Edition : Pocket 2008, 476 pages ISBN : 978-2266165693 7,70 €

Un jeune couple sort d'un restaurant à Cancun. Ils sont l'image même du bonheur, futurs parents, bientôt mariés, tout semble leur sourire. Cependant, quand le bruit des balles déchirent la torpeur de l'été indien, tout s'écroule. Le jeune homme est  tué sur le coup, sa compagne Clara s'écroule et perd son enfant. Pourtant, elle avait tout fait pour changer de vie et cacher son ancienne carrière de tueuse à gage.

La jeune femme comprend qu'elle était la cible de l'attentat et que ses problèmes ne font que commencer. En effet, son fiancé était le fils cadet de la famille des Mejia, puissante dynastie de la pègre mexicaine et personne n'était au courant de l'ancien mode de vie de Clara. Il va falloir fuir, tout le monde, vite, éviter de se faire tuer par les Mejia, et surtout trouver les meurtriers de l'homme de sa vie et de leur enfant.

L'attentat est largement couvert par les médias américains. Le FBI mandate une équipe qui découvre vite l'implication de l'ancienne tueuse à gage. L'inspecteur Davenport est contacté. Il a déjà faillit attraper Clara Rinker et semble le mieux placé pour retrouver sa trace.

Commence alors une course poursuite effrénée entre les forces de l'ordre et l'implacable tueuse qui a décidé de reprendre du service.

L'amorce de l'histoire est très alléchante. On s'attend à ce que Clara soit le personnage principal, doivent fuir la police, les fédéraux et la pègre. Il n'en est rien, malheureusement. L'histoire est essentiellement centrée sur l'inspecteur Lucas Davenport, ses qualités d'informaticien qui lui ont permis de faire fortune, sa Porsche, et sa ruse. Le portrait du policier est constamment utilisé au détriment des agents du FBI. A en croire l'auteur, ils ne sont que des bureaucrates inefficaces et inutiles.

L'enquête est également décevante. Là où le suspens devrait vriller les neurones du lecteur, on ne lit qu'étalage de signes extérieurs de richesse : les voitures, les beaux costumes, les chaussures sur mesure. De plus, la connivence entre flics et l'utilisation à outrance de clichés nuisent à la crédibilité de l'enquête : réunions secrètes dans le fond d'un bar, code secret, mise en branle de réseau de 'vieux potes'. L'affaire se résout en grande partie grâce à de vieux briscards mis à la retraite, malheureusement, sans humour, ni autodérision.

Les seules scènes fortes du roman arrivent au bout de 250 pages sur 380, quand Clara décide d'exécuter ceux qu'elles croient responsables de l'attentat. L'auteur ne traite que très peu de la motivation des personnages, de leur psychologie ou de leur stratégie d'action. Les personnages en sont instrumentalisés et  n'ont aucune personnalité. Par exemple, Clara Rinker a été maltraitée, sexuellement abusée, vient de perdre son amant et leur futur enfant, mais l'auteur n'en dit pratiquement rien. Elle est en colère, un point c'est tout.

Quand on sait que l'auteur a obtenu un prix Pulitzer, on ne peut qu'être extrêmement déçus de la qualité médiocre du livre. Espérons qu'il ne s'agit là que d'un passage à vide et que son prochain roman sera largement meilleur.