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Un roman russe |
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Carrère, Emmanuel Edition : Folio
2008, 399 pages
ISBN : 978-2-07-035665-2
7,40 € |
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Emmanuel Carrère est journaliste. Ce qui l'intéresse, c'est partir en mission pour quelques jours, quelques semaines et revenir avec un sujet inattendu, avec ce qu'il a ressenti. Or Carrère s'était enfermé dans la routine, dans le confort. Seul, sans enfant, la vie ne lui appartenait plus. Un reportage en Russie va le bouleverser. Entendre la langue de ses aïeux va lui donner envie de renouer avec ses racines. Il part alors en quête de l'histoire de son grand-père, homme critiqué par les siens. En parallèle, Emmanuel Carrère développera une liaison amoureuse, voire charnelle avec une jeune femme. Il lui écrira des lettres enflammées, à la limite du pornographique, des lettres qui lui sont personnellement adressées mais publiées dans un quotidien. Le personnage est étrange. On se demande s'il n'est pas au bord de la folie. Pourquoi quitter l'être aimé pour retrouver une terre hostile telle que la Russie ? Pourquoi s'éloigner d'elle de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps ? En même temps, on envie ce personnage qui a su briser la routine pour mieux se découvrir. Il avait jusque-là étouffer son héritage et l'on assiste à sa deuxième naissance avec toute l'excitation due à cet événement. Grâce à son métier de journaliste, Emmanuel Carrère connait le pouvoir des mots. Il joue avec, connait les effets de certains mots et les manie en toute connaissance de cause. Il n'a pas peur de choquer, il exprime sa pensée sans détour. Il est fier de provoquer un orgasme par la force des mots et le poids des silences. Jusqu'à quel point n'arrive-t-il pas à manipuler les lecteurs en leur insufflant ses pensées ? Elles sont si nettes et si directives qu'on ne s'interroge pas sur leur véracité. Ce genre d'ouvrage est très éloigné de mes centres d'intérêt. Je suis pour les crimes et les enquêtes et non pour les dérives philosophiques. Cependant, Emmanuel Carrère manipule à merveille son auditoire. A travers le roman, on a l'impression que le héros nous parle, qu'il entretient une correspondance étroite avec nous. Cette intimité est si franche que l'on ne peut pas imaginer l'interrompre. Il y a cette chaleur dans l'écriture qui fait que l'on demande, à travers la lecture, à prendre des nouvelles régulières du personnage . Un ami se confie, parle de ses expériences, de ses aventures, vous n'allez pas lui fermer la porte. Je me suis vue entraîner dans cette lecture alors que rien ne semblait nous lier. Je ne suis donc pas une bonne référence pour défendre cette oeuvre. Mais je pense, au vue de l'expérience que j'ai vécu, qu'il mérite que l'on s'y arrête. Je n'ai jamais ressenti un personnage aussi proche alors que tout nous séparait. C'est comme si, dans les transport en commun, vous vous asseyez à côté d'un inconnu et que vous profitiez du temps du trajet pour échanger quelques idées.
Ecrite par , le 17 Novembre 2008 à 11:11 dans la rubrique .
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