Jerusalem
		Marazano & Pion Edition : Glénat, Collection : Vécu 2008, 48 pages ISBN : 978-2-7234-5986-0 9,40 €

Quelque part dans un paysage désertique... Un homme chrétien en fuite arrive, poursuivi par des cavaliers qu'il parvient à mettre à mal avec l'aide de guerriers musulmans. L'homme, silencieux, est recueilli par Abdu, le seigneur de ses terres, et par sa soeur, la belle Salima. Le fuyard ne veut pas se confier à Abdu, ce qui n'est pas vraiment du goût du jeune maître. Mais ce dernier aime également les âmes mystérieuses : l'étranger fera ainsi un compagnon idéal pour animer le pèlerinage vers la Mecque qu'Abdu et sa soeur sont sur le point d'entreprendre, en passant par la ville sainte de Jerusalem.

Avec la proximité du voyage, la langue de l'étranger se délie : il se nomme Guido, et la flamme semble s'allumer entre lui et Salima, qui a une bien étrange façon de regarder le chrétien depuis sa rencontre. Malheureusement, le bateau qui faisait route vers Israël fait naufrage : il semble même que cela soit intentionnel, vue la qualité des hommes d'équipage Ainsi, Guido, Abdu et Salima se retrouvent seuls sur une plage, seuls survivants de la catastrophe, et tous égaux dans ce paysage désertique.

Et la soif va commencer à les tenailler, en même temps que les mystères concernant les origines de Guido vont se dissiper : Guido est un ancien prêtre, et il est recherché par les siens pour d'obscures raisons. Son passé semble lié à une belle jeune femme du nom de Margarita. Jeune femme que Salima va devoir tenter d'occulter.

Richard Marazano se lance dans un one-shot autour de la ville chargée de symboles quest Jerusalem. Ce lieu chargé d'histoires est un carrefour culturel, certes, et déclenche encore aujourd'hui les passions religieuses les plus vives : l'endroit rêvé à la mesure du talent de ce scénariste ô combien aimé sur ce site Il suffit de lire une série comme Genetiks ou Le complexe du chimpanzé pour sen rendre compte.

C'est à Patrick Pion que s'est associé Marazano cette fois : on retrouve le dessin assez haché que l'on avait pu voir dans Megaron : les paysages sont assez réussis, mais un effort reste sans doute à faire dans les visages en gros plan et dans certaines expressions. Rien de gênant dans la compréhension de ce livre, certes, mais un one-shot aurait peut-être mérité un peu plus de soins de ce côté-là.

Côté scénario, on est assez loin des séries de Marazano susnommées, mais de nombreux axes demeurent intéressants : tout est fondé sur l'amour naissant entre un chrétien (prêtre qui plus est !) et une musulmane, à une époque où la largesse d'esprit n'est pas vraiment dans les moeurs. Pourtant, le frère Abdu ne semble pas vraiment choqué des agissements de sa soeur, et arrive même à les cautionner presque : une belle leçon de tolérance de ce côté-là donc.

Que les amoureux de la ville de Jerusalem ne se languissent pas trop vite de leur côté : on pourra regretter de ne voir apparaître cette ville que sur la planche 44. Une histoire qui privilégie donc le chemin chargé d'embûches menant à la ville sainte, à défaut de cette dernière.

Un one-shot certes sympathique, mais qui n'atteint pas le degré de qualité d'autres séries de Marazano, en laissant un goût de trop peu, d'inachevé.