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Le commando des Immortels |
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Lambert, Christophe Edition : Fleuve Noir, Collection : Rendez-vous ailleurs
2008, 263 pages
ISBN : 978-2-265-08598-5
17 € |
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Quand un Demi-Elfe emmène un capitaine de l'armée des Etats-Unis dans la réserve elfique de Sylvaniel, c'est qu'il se passe du grabuge quelque part. En effet, les armées alliées ont bien du mal à se dépêtrer des troupes japonaises en Birmanie. Le satané patriotisme japonais est tel qu'ils préfèrent mourir que de se rendre, et ça, plus la jungle, ça dépasse la compréhension des Yankees. Toujours est-il que le capitaine Foster est venu demander un service aux Elfes, les derniers, vivant sur cette Terre. Et bien qu'ils se soient fait persécuter le siècle passé, Washington est persuadé que seules les compétences elfiques seront à même de mener une expédition dangereuse à bien. Mais voilà, après avoir pesé le pour et le contre, les Elfes n'acceptent qu'à une seule condition : la venue avec eux d'un certain professeur J.R.R. Tolkien, de la prestigieuse université d'Oxford. Prenez des Elfes dans le rôle des Indiens d'Amérique, avec des caractéristiques proches de ceux du Seigneur des Anneaux - soit une vie immortelle, grande prestance, et des compétences qui semblent incroyables aux yeux des mortels que nous sommes. Rajoutez un cadre de deuxième guerre mondiale avec un conflit dans une jungle contre un adversaire de valeur et aux us méconnus. Mélangez, et rajoutez la touche qui fait vendre, le nom de Tolkien qu'il est inutile de présenter. Et là, une conclusion s'impose d'elle-même : mais qu'est-ce que Tolkien est venu faire dans cette galère ? On ne pourra pas éviter de se demander comment une civilisation aussi avancée que celle des Elfes peut se retrouver si peu nombreuse dans cette uchronie. Comment la comparaison entre l'histoire du Silmarillion (qui est plusieurs fois citée) et celle-ci peuvent cohabiter. L'arrogance en est un exemple. La magie explicite en est un sacré autre. Un Elfe qui brise la jambe de quelqu'un et un autre qui la répare quasiment d'un coup de baguette magique... Vous avez lu ça dans Le seigneur des Anneaux vous ? Moi pas. Les Elfes sont donc différents. Quant à Tolkien par lui-même, rien que le fait qu'il soit devenu un personnage de roman crèe un parti-pris qui n'est pas foncièrement inintéressant, mais qui comporte quelques lourdeurs et incohérences. Christophe Lambert s'est à l'évidence fortement documenté sur le célèbre auteur. Preuve en est que de nombreux dialogues reprennent des véritables citations de Tolkien, principalement issues de la biographie d'Humphrey Carpenter (excellente au demeurant) et à la correspondance de Tolkien publiée sous le titre tout simple de Lettres, traduite il y a deux ans par les éditions Christian Bourgois. Ce travail est fort bien fait et à mettre au crédit de l'auteur. Par contre cela se sent dans le cadre du récit. Petit aparté, parmi les nombreuses informations de Tolkien sur sa propre sous-création, l'une d'entre elles est inventée de toute pièce par Christophe Lambert : celle sur l'énigme de Tom Bombadil. Donc précision pour les lecteurs, Tolkien n'a jamais explicitement dit qui était réellement Tom Bombadil dans son univers, l'avis de Lambert n'étant qu'une interprétation personnelle. Si ce sujet vous intéresse, il existe des tas de publications sur ce thème dans les différents sites consacrés à Tolkien. Revenons à présent sur le contenu de ce livre. Après un début où visiblement les Elfes ne sont pas des Elfes (on a une belle référence au langage secret des Indiens par les radios pour éviter que les ennemis ne comprennent ce qu'ils captent, une anecdote parfaitement exacte), ces derniers reprennent un rôle plus subalterne, car ils ne se placent pas en guide au sens où on l'entend, mais plutôt en soldats de choc. Le Demi-Elfe se révèle un personnage au défaut méprisable, et largement caricaturé (comme le reste finalement). Côté intéressant, la gué-guerre entre les deux officiers, américains et britanniques, ou encore la rencontre avec la tribu d'autochtones birmans. La fin, quant à elle - sans rentrer dans les détails, a un faux air de pont de la Moria. On y sent aussi un grand parallèle avec le périple de Frodo et Sam dans les terres arides du Mordor. Pour en conclure avec cette publication, je pense que le nom de Tolkien était peut-être de trop. Il apporte un je-ne-sais quoi de demande d'exigence en terme de rigueur (comme l'a dit Christophe Lambert lui-même, Tolkien était un maniaque qui réécrivait jusqu'à ce qu'il soit pleinement satisfait - ce qu'il n'était jamais au fond). Avec ce troisième paramètre, l'histoire en devient un vrai fourre-tout qui n'est plus maîtrisée par son auteur, malgré toutes ses bonnes intentions. C'est d'autant plus dommage que les avis sur Zoulou Kingdom sont plutôt favorables, et concernent aussi un grand mélange de genre. En tout cas, je ne conseille pas la lecture de Le Commando des Immortels pour ceux qui veulent retrouver l'ambiance poétique et épique de la Terre du Milieu.
Ecrite par , le 14 Octobre 2008 à 09:10 dans la rubrique .
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