La porte au ciel (Tome 1)
		Sicomoro & Makyo Edition : Dupuis, Collection : Aire libre 2007, 54 pages ISBN : 978-2-8001-3715-5 14 €

Manu, Julie et Anna sont trois lycéennes relativement associables. Elles ont pour point commun d'avoir une vie privée calamiteuse, et surtout d'avoir chacune fait une tentative de suicide. Alors là, c'est décidé : les trois jeunes filles décident de fuir leur quotidien et de fuguer. C'est en Bretagne, terre de légendes, que les amies d'infortune se rendent : le grand-père de Manu y possédait une maison, et le lieu est idéal pour se faire oublier, notamment la cave associée dans laquelle aucun gendarme n'aura jamais l'idée de se rendre...

Et cette cave a une particularité : outre le fait qu'elle soit immense et pleine de bouteilles de vin, on y trouve une structure étrange où figure un signe celtique : le grand-père de Manu lui a toujours dit qu'on pouvait communiquer avec les morts de cet endroit... Passée ainsi une certaine période, l'ennui finit par gagner les filles. L'alcool vinicole aidant, Manu a bien envie de tenter l'expérience mystique qui lui est offerte. Mais pour cela, ne faut-il pas un mort ?

Nouvelle série de la très belle collection Aire Libre de chez Dupuis, La Porte au Ciel est une nouvelle fois une petite histoire bien franchouillarde qui met à l'honneur des personnages tout à fait normaux que l'on peut croiser et recroiser dans la rue. Cela a pour effet de pouvoir immédiatement s'attacher et s'identifier, et également de se plonger directement dans un scénario qui a ce je-ne-sais-quoi de familier.

Le récit est ici campagnard, et est l'occasion de se promener dans une Bretagne profonde bien éloignée des bords de mer envahis par les touristes à la belle saison. Ici, c'est le calme et la tranquillité qui priment, mettant l'accent sur ces trois pauvres filles entraînées dans cette fugue. Certes, les ressemblances entre les vécus sont évidentes, mais on se rend vite compte que malgré cela, toutes trois sont bien différentes, Manu gagnant la palme de la fragilité et de l'inquiétude.

Oh, on trouve bien dautres personnages dans cette histoire, fouillés et travaillés également, comme ce vendeur de fromages de chèvre ayant une relation particulièrement sordide avec sa tante, ou ce monsieur dont la fille a disparu et qui peint un tableau d'elle en la vieillissant d'une année à chaque fois... Récit inspiré d'évènements réels, La Porte au Ciel est une fois de plus un petit bijou d'intimité partagée, à lire et à relire pour en saisir toutes les subtilités.

Le dessin de Sicomoro y est d'ailleurs fort beau et détaillé, parfait en tout cas pour souligner le scénario : une très belle BD qu'il est encore possible d'acquérir en tirage limité à l'occasion des 20 ans de la collection, si on veut avoir le droit d'admirer les quelques croquis et esquisses plus ou moins complètes du dessinateur.