Le portrait de Dorian Gray
		Gros Edition : Delcourt, Collection : Ex-Libris 2008, 61 pages ISBN : 978-2-7560-1120-2 11,50 €

Dorian Gray est un jeune homme d'une grande beauté, et d'une grande pureté, aussi bien physique que morale. Il a la particularité de poser pour un peintre de renom du prénom de Basil, lequel est ami avec un immoraliste nommé Harry. Ce dernier a toujours le bon mot pour détourner les bonnes moeurs inhérentes à l'époque, et est un atout indispensable dans les soirées mondaines où l'occasion de s'évader de toutes les chaînes sociales est rare. Le malheur va arriver de la rencontre du jeune Dorian Gray avec Harry, parallèlement à l'achèvement du tableau de Basil.

L'oeuvre est magnifique, et Dorian est jaloux de la beauté du tableau, laquelle sera éternelle alors que lui devra subir les outrages du temps... Devant la colère de Dorian, Basil consent à lui donner le tableau : Dorian en fera ce que bon lui semblera, le détruire par exemple... Mais le bel homme n'en fera rien : il conservera le tableau dans son grenier, caché aux yeux de tous : il semble que dès que Dorian commet une mauvaise action, le tableau se met à vieillir à la place de son modèle !

Propriété bien étonnante, ma foi, que Dorian va alors se mettre à exploiter de différentes manières : le garçon si gentil et si avenant ne va alors pas manquer d'imagination pour faire vieillir son tableau : les femmes et les amis l'entourant seront pris par le malheur et les tourments, la drogue, la luxure et les meurtres seront désormais le quotidien de Dorian, jusqu'au final démoniaque imaginé par Oscar Wilde...

Car pour ceux qui ne connaissent pas le roman, il est vrai que les adaptations en tous genres sont nombreuses (je me souviens de Le portrait du mal de Graham Masterton, pour ceux qui connaissent). Je le dis tout net : cette adaptation dans la collection Ex-Libris de Delcourt s'en tire parfaitement bien, et avec les honneurs qui plus est !

Le scénario est bien évidemment sans faille (ce serait assez malheureux étant donné l'oeuvre modèle). Le dessin colle relativement bien à l'époque dépeinte ici, même si je n'accroche pas (point d'ailleurs qui se généralise avec tout ce que j'ai pu lire de la collection Ex-Libris). La bonne idée que l'on trouve ici est la présence récurrente en bas de chaque double-page : on peut ainsi s'amuser à voir le vieillissement du tableau à la place de celui de Dorian, et faire le lien avec l'âme de plus en plus noire du garçon.

Une BD à ne pas mettre entre toutes les mains, tant c'est noir et parfois cru : il faut quand même bien avoir conscience qu'Oscar Wilde a vu son roman assez mal accueilli par toutes les âmes bien pensantes de l'époque.