Les araignées (Le testament du docteur M - Tome 1)
		Pécau, Damour & Froissard Edition : Delcourt, Collection : Machination 2008, 48 pages ISBN : 978-2-7560-1155-4 12,90 €

Une bâtisse lugubre. Une cellule. Un homme s'y trouve, seul. La solitude peut faire perdre le sens du réel et vous faire faire des choses étranges. Aussi, il est bon de se confier. Se confier à une araignée, par exemple. C'est ce que fait cet homme, qui ne sait pas qui il est et que les membres de l'institut psychiatrique dans lequel il est enfermé ont surnommé Thomas M. voilà qu'un homme entre dans la cellule. Il est chauve, ne parle pas, mais écrase l'araignée. Plus tard, Thomas M va s'évader de sa cellule en laissant derrière lui l'homme au crâne chauve, prostré et mort et en emportant un photogramme dans la main. Comment est-ce qu'il est venu à l'avoir en sa possession ? Un mystère.

L'homme chauve semble s'être donné la mort lui-même en se tranchant la gorge avec un morceau de verre. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, ce sont les premières conclusions du médecin, qui seront confirmées par la suite. Bien sûr, il va y avoir enquête et on veut absolument retrouver Thomas M, qui n'est quand même pas net dans cette histoire. Lotte S. Habou, de la police, est sur ses traces. Pas de chance pour Thomas, elle est tenace la demoiselle.

Thomas ne sait pas ce qu'il doit faire. La seule chose qu'il possède c'est le photogramme. Aussi, il va essayer de se rendre chez un spécialiste pour savoir ce qu'il pourrait en tirer. Un des propriétaires de la librairie Les 3 lumières va le renseigner. L'homme est un connaisseur et reconnaît sans l'ombre d'une hésitation la provenance du photogramme. Il s'agit d'un extrait de l'introduction du film Docteur Mabuse de Fritz Lang, introduction censurée par l'auteur lui-même et censée de jamais avoir existé. Le propriétaire envoie alors Thomas voir un véritable collectionneur capable de lui donner un bon prix, un certain Jacques Lancier.

Voilà une série qui démarre sur les chapeaux de roue. Les mystères s'accumulent sans qu'aucune réponse ne soit pour l'instant donnée et pourtant on est hypnotisé par le récit que l'on poursuit avidement. C'est comme si Thomas M utilisait son pouvoir sur nous. Pécau frappe une nouvelle fois très fort. En espérant que la suite de cette trilogie soit à la hauteur. Maintenant, les lecteurs sont en attente de quelque chose de véritablement grand.

Au niveau du dessin, c'est racé. Le trait de Damour, et ses gueules, collent parfaitement avec ce type de récit, sombre et mystérieux. Les couleurs de Froissard ajoutent encore énormément à l'ambiance assez glauque qui se dégage de l'ensemble. C'est parfait terriblement froid, dans les séquences avec Lotte S. Habou notamment, ou plus coloré mais souvent plus sanglant, quand Thomas est dans les parages.

En tous cas, ce premier tome pose les bases d'une histoire solide qui ne demande qu'à être développée pour apporter les réponses nécessaires.