Hackman Blues
		Bruen, Ken Edition : Points, Collection : Roman noir 2008, 253 pages ISBN : 978-2-7578-0697-5 6,50 €

Tony Brady n'est pas un héros sympathique. Drogué, véreux, magouilleur, son passé louche et ses manières ne font pas de lui quelqu'un qu'on aimerait connaître et fréquenter. Mais quelqu'un d'intéressant, ça oui !

Ce détective privé au bout du rouleau, gay et maniaco-dépressif, vient tout juste de sortir de prison et vivote grâce à ses petits trafics avec le seul ami qu'il ait jamais réussi à se faire, Rasheed Rash un noir qui a été victime de violences racistes en prison.

Mais la chance semble enfin sourire aux deux ex-détenus : Jack Dunphy, un riche promoteur fier de sa supposée ressemblance avec Gene Hackman immobilier adepte de la méthode forte et de l'intimidation au fer à souder vient de proposer un job en or à Brady : retrouver et ramener sa fille Roz.

Et Rash la retrouve en effet assez vite : en effet, une fille blanche, aussi laide que Roz, se fait immanquablement remarquer si elle hante le quartier black de Brixton, où elle est sous la coupe d'un souteneur qui se fait appeler Leon.

Sauf que Roz n'est pas volontaire pour aller retrouver son riche papa. Et Brady passe en mode violent et décide de lancer Dunphy contre Leon, pour espérer toucher un plus gros lot. Il n'aurait pas dû, car il va s'apercevoir qu'il joue peut-être dans une cour encore plus rude que celle de la prison !

Le style d'écriture, un peu hermétique, rebutera peut-être les lecteurs novices dans ce genre de littérature spéciale durs-à-cuire. Cependant, elle reflète parfaitement bien le milieu clos où gravite Brady et Rash. Les dialogues sont crus, les descriptions imagées, on regrette peut-être juste un peu de ne pas sortir un peu plus, parfois, de l'esprit du détective, car on finit par avoir l'impression de partager ses psychoses.

Et avec un personnage tel que lui, on finit par se sentir un peu sale...

Mais c'est néanmoins un roman très vivant et imagé, très cru, qui emporte le lecteur dans un monde un peu à la Trainspotting.