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L'Ombre du Shrander |
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Harrison, John Edition : Fleuve Noir, Collection : Rendez-vous ailleurs
2004, 272 pages
ISBN : 2-265-07726-7
18 €
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2400. Sur Motel Splendido, les prostituées se font retailler le portrait pour ressembler à des actrices pornos de lancien temps, les tireurs de taxi-pousse ont des jambes déléphant et se shootent au café électrique, et les bulleurs s'enferment jour et nuit dans des caissons pour oublier leur vie ratée. Mais depuis Motel Splendido, si on lève les yeux aux ciels, on peut voir le secteur Kefahuchi Ed Chirnois senferme parfois trois semaines d'affilée pour vivre un film de série B. Quand il en ressort, c'est pour redécouvrir l'autre face de sa vie de bulleur: la vie d'un raté. Ed Chirnois est endetté jusqu'au cou, et cette fois-ci, il ne s'en sortira pas si facilement, car les soeurs Cray sont réputées pour leur tenacité. Seria Mau s'est enfuie avec la boîte "Le docteur Haends est demandé en salle dopération "et le substrat nanotech qu'il contient. Quant à connaître sa fonction, eh bien essayez d'imaginer, mais il va falloir synchroniser dans votre petite tête une série d'évènements quantiques sans en altérer la cohérence entropique. Les vaisseaux nastics qui la poursuivent ne causent pas vraiment de problèmes à ses mathématiques, capables d'établir plus de 10 millions de conjectures par nanoseconde. Ce qu'elle voudrait savoir surtout, c'est d'où vient cette boîte. Pendant ce temps mais ici, plus de linéarité temporelle n'est-ce pas Michael Kearney, en 1999, physicien de génie, se demande : et si l'information était une substance ? Ca voudrait dire ... Alors, pour chasser ses angoisses, ou peut-être pour exorciser ce crâne de cheval qui lui apparaît en creux et sous la forme de brèves météorologiques évoquant des perturbations dans le secteur Kefahuchi, il assassine des femmes et lance les dés du Shrander. John Harrison est un de ces écrivains dont le génie narratif, l'intelligence et l'érudition débordante donnent le vertige. Noyé sous un flot d'informations dont la précision n'a dégale que l'imaginaire schizophrénique, le lecteur découvrira un scénario aux multiples rebondissements magistralement orchestré, tout en élégants non-dits. Balisé par des mots-repères - sorte de noeuds sémantiques qui permettent de faire des rapprochements intuitifs entre les personnages, il se conclue par un dénouement troublant de poésie. Typique de la nouvelle vague SF anglo-saxonne (voir aussi la chronique sur Flint), Harrison déconstruit tous les codes narratifs, et nous délivre au final un délicieux roman perspectiviste, fin et audacieux. Attention cependant. L'ouvrage ne plaira pas à tout le monde. Son côté hard science, ses allures non conventionnalistes et son esthétisme très personnel le réservent d'entrée à un public averti et amateur de littérature hors cadre. Soyez prêts à laisser bons nombres de bagages à l'entrée ( y compris la santé mentale ?), si vous voulez en savourer toute la profondeur. LOmbre du Shrander(1) est un origami algorithmique magistral. Un petit coup de gueule pour finir à propos de la couv' qui ne retranscrit pas vraiment l'atmosphère du bouquin. (1)une traduction mal choisie si vous voulez mon avis pour un titre original beaucoup plus sobre : Light.
Ecrite par , le 12 Juin 2004 à 13:06 dans la rubrique .
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