Pavane
		Roberts, Keith Edition : Le Livre de Poche 2008, 384 pages ISBN : 978-2-253-12191-6 6,50 €

Dans cette Angle-Terre d'un XX^ème siècle différent, Jesse Strange a toujours aimé Margaret, et c'est en pensant à elle qu'il a suggéré le nom de la dernière locomotive, flambant neuve, des Transports Strange & Fils. Il ne s'attendait pas à succéder si tôt à son père, mais il est prêt à assumer, et à défendre ce qui lui appartient, quoi qu'il puisse lui en coûter.

Sa nièce, également prénommée Margaret, est la première de la famille à entrer au château de Corfe Gate, et c'est sa fille Eleanor qui en sera la dernière châtelaine.

Le métier de signaleur est aussi difficile que vital, et comporte, entre autres, les dangers de la solitude, qui expose à des rencontres étranges.

Frère Jean est un doux artiste, qui dessine depuis toujours, sans même y penser, tout ce qu'il voit. Quand il sera appelé à Londinium pour y dessiner l'ouvrage de l'Inquisition, il y perdra son talent.

Il est heureux que ce roman emblématique de l'uchronie, paru en 1968, ait été réédité, ce qui lui permettra sûrement de trouver de nouveaux lecteurs, d'autant qu'il n'a pas pris une ride en quarante ans.

Pour ceux qui ne le connaîtraient pas du tout, on précisera que, même si on en parle habituellement comme d'un roman, il s'agit en fait d'une suite de six nouvelles, précédées d'un prologue qui décrit la mort de la reine Elizabeth 1ère, assassinée tandis que l'Invincible Armada espagnole vogue sur des eaux calmes vers l'Angleterre, et suivies d'une coda qui explique de quelle façon cette version de l'histoire a évité les camps de concentration et la bombe atomique.

C'est très habilement fait, grâce au fil rouge que constitue la famille Strange, avec la loco Lady Margaret, d'une part, et le château de Corfe Gate, d'autre part. L'histoire est parfaitement crédible, les personnages touchants, profondément humains, et le style est recherché.

Il est par ailleurs amusant de remarquer que cette uvre, dont personne n'a jamais contesté l'appartenance à la Science-Fiction, est peuplée de Fées... C'est peut-être ce qui y est le plus "daté", démontrant que les frontières entre les genres étaient beaucoup plus poreuses il y a quarante ans qu'elles n'ont pu l'être pendant une bonne partie des années qui ont suivi.