Une histoire de fous
		Katzenbach, John Edition : Pocket, Collection : Thriller 2008, 749 pages ISBN : 978-2-266-16754-3 7,70 €

On s'attend à bien des bizarreries dans un hôpital psychiatrique. Mais quand un meurtre survient, le personnel préfère enterrer l'affaire pour le bien des pensionnaires. Il a fallu un retour en ces lieux quelques années plus tard pour que le besoin de vérité se fasse sentir. Que s'est-il réellement passé ? Pourquoi l'assistante du procureur a-t-elle ouvert personnellement une enquête ? Quelles étaient ses réelles motivations? C'est alors qu'on a associé ce crime à des meurtres en série, avait-on raison ? Dans un milieu où la réalité se mêle et se confond avec la folie, saura-t-on retrouver la vérité ?

Le narrateur de l'histoire est un ancien patient de l'hôpital psychiatrique. Il y était soigné pour trouble de la personnalité : plusieurs voix se disputaient la prérogative de ses décisions et jugements au sein de son cerveau. Il n'a jamais été atteint au point de perdre sa liberté de jugement, ce qui en fait un enquêteur crédible. Il sait aussi écouter Peter son partenaire de vie au sein de l'hôpital. Loin d'être fou mais suspecté dangereux, Peter saura mettre en évidence et enseigner à Francis les indices et les rouages du crime. C'est après de longues années de santé mentale retrouvée que ce dernier décide de révéler la vérité à tout lecteur intéressé. Il griffonne alors les murs de son appartement de ces souvenirs renaissants, de ce vécu étrange. Au fur et à mesure de l'écrit, Francis oscillera entre vérité et folie, entre voix amies et ennemies.

Par l'intermédiaire de Francis, l'auteur John Katzenbach mène l'enquête. Il profite d'un conflit intérieur pour développer les fausses pistes et remettre en cause les indices déjà recueillis. C'est ainsi que notre héros s'interroge sur la véracité des témoignages, reçus de personnes qui vivent dans leur réalité. C'est un concept très intéressant. En plus de la difficulté d'enquêter dans un milieu peu fiable, Francis est novice dans ce domaine : il apprend au fur et à mesure, en mémorisant plus particulièrement les déductions de son ami Peter. Le héros travaille aussi sur des souvenirs, ce qui l'entraîne à douter de leurs nettetés. Enfin le démon qui l'obsédait pendant l'enquête refait surface et essaie de l'influencer voir de le détruire. Toutes ces contraintes donnent du relief à l'enquête et entretiennent le suspense.

Cependant, l'auteur développe trop l'état psychologique de son héros dans son récit. Le lecteur perd le fil de l'enquête et se lasse des retours à la réalité coupant la narration des faits. Dans ce huit clos, les éléments nouveaux sur l'enquête sont trop rares. Pour un roman qui est impressionnant par le nombre de pages (749), il aurait peut-être été intéressant de réduire quelques passages, à moins que le lecteur préfère l'aspect psychologique de la folie à la trame du crime.